Mago, Umberto: Antioco IV Epifane, re di Siria. In-8°, 140 p.
(Sassari, Ubaldo Satta 1907)
Reseña de Adolphe Joseph- Reinach, Revue Archéologique t. 13 (4e série), 1909-1, p. 184-186
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Umberto Mago, Antioco IV Epifane, re di Siria. Sassari, Ubaldo Satta, 1907. In-8°, 140 p.


 


     Physionomie originale, alliant à un sens politique très avisé une tendance à l’extravagance voisine de la folie, goûtant, avec les plus bas plaisirs, les jouissances d’art les plus élevées, convaincu du caractère divin de son pouvoir, mais assez philosophe et assez hardi pour pousser jusqu’au pillage de leurs temples le mépris des divinités nationales de Jérusalem, d’Hiérapolis ou d’Elymaïde, véritablement épris de la civilisation hellénistique qu’il fut sur le point de faire triompher en Judée, Antiochos IV est, assurément, entre tous les Séleucides, l’un de ceux dont le portrait devait le plus tenter un historien. Les auteurs anciens nous ont conservé force anecdotes sur sa vie et sur sa cour ; pour les deux épisodes principaux de son règne, les lambeaux de Polybe et de Diodore, des Macchabées et de Josèphe ont été soumis à une minutieuse critique par Schurer (Judée) et par Bouché-Leclercq (Égypte). La biographie que M. M. s’est proposé de retracer, après en avoir traité dans des articles quelques points spé­ciaux, était donc à la fois agréable à écrire et relativement facile. Bien documentée et clairement composée, elle se lit avec intérêt, même après les pages si vivantes de Bevan, l’historien anglais des Séleucides (1902).

      Sans entrer ici dans une analyse détaillée, bornons-nous à indiquer quelques points contestables. — P. 5 et 105. M. M. ne paraît pas connaître les nouvelles raisons données par Th. Reinach, L’Histoire par les Monnaies (1902, p.134), pour montrer que la mère de Mithridate VI Eupator (lire VI et non IV, p. 5) était une Laodice, fille d’Antiochos IV. Pour Nyssa, βασιλέως Ἀντιόχου θυγάτηρ, qui paraît avoir épousé peu avant 171 Pharnakès I, le grand-père d’Eupator, elle peut être ou fille d’Antiochos IV, ou fille de son frère aîné Antiochos, comme je l’ai indiqué Rev. des Et. grecques, 1907, p. 66.

       P. 41. Aux constructions faites par Antiochos IV en dehors de son royaume, il faut ajouter le bouleutérion de Milet offert en 166 à leur ville natale par ses favoris, Hérakléidès et Timarchos (cf. A. J.-R. dans Rev. d’Ét. grecques, 1908, p. 197, et Revue celtique, 1908 ; Les trophées galates de Milet), imité peut-­être de celui qu’il fit élever à Antioche. M. M. aurait dû expliquer pourquoi il n’admet pas que la tapisserie orientale donnée par Antiochus IV à Olympie fût le voile enlevé au temple de Jérusalem. Le culte de ce prince pour le Zeus Olympien, auquel il prétendait se faire assimiler, l’a amené à placer la statue de ce dieu dans les temples de Jérusalem et de Samarie. Peut-être était-ce une copie de celui de Phidias, puisqu’on sait qu’il en fit exécuter une pour l’Olympieion qu’il éleva à Daphné, Olympieion qu’on doit probablement se représenter sur le modèle de celui qu’il offrit aux Athéniens. Comme Sylla a emporté les colonnes de l’Olympieion d’Athènes pour la reconstruction du Capitole, ne peut-on expliquer ainsi le type phidiesque du Jupiter de la triade capitoline ? Outre la réplique chryséléphantine de Daphné, Antiochos aurait fait sculpter des copies plus libres pour le temple de Zeus Olympien à Athènes et celui de Jupiter Capitolin qu’il éleva dans Antioche, au sommet du Mont Silpios.  — P. 65. Pour les 3.000 cavaliers dits politikoi qui figurent dans la revue de Daphné, j’ai essayé ailleurs de montrer que c’était un corps de parade fourni par les grandes poleis du royaume qui avaient le privilège de s’administrer elles mêmes [sic], comme nos gardes municipaux à cheval. Quand Polybe dit que les uns étaient  χρυσο — les autres ἀργυροφάλαροι, il ne s’agit pas de freni d’oro, mais d’aiguillettes, de décorations de toute sorte tant pour le cheval que pour le cavalier. Il aurait fallu remarquer que la présence des Mysiens et des Galates ne s’explique que par l’alliance avec le roi de Pergame. L’absence des archers Élyméens, qui figurent à Magnésie, est caractéristique si l’on songe qu’Antiochos III et Antiochos IV ont trouvé la mort en pillant des temples de cette région sans doute en pleine révolte, révolte qui, à en croire la présence des cavaliers niséens, ne se serait pas étendue jusqu’à la route de Suse à Ecbatane où se trouveraient les campi nisaei, tout près de Tabai où mourut Antiochos IV. La Médie Atropatène était donc seule révoltée. Ce serait en vue d’y rétablir l’ordre et de réduire à l’obéissance les satrapes d’Arménie et de Sophène que cette grande armée aurait été préparée.

      P. 87. L’hypothèse de M. M., aux termes de laquelle la reconstruction d’Alexan­dria Persidis sous le nom d’Antiochia Persidis, attribuée par Pline, VI (et non V) 139 à un Antiochus quintus serait l’œuvre d’Antiochos IV qui y aurait séjourné dans l’hiver 165-4, est insoutenable en raison des trois inscriptions émanant d’ Ἀντιόχεια τῆς Περσίδος datées d’environ 208 et attribuant à Antio­chos l’éponymie de la ville, à moins qu’on n’admette avec Kern (Inschr. v. M., 18-9, 61) que l’Antioche des inscriptions et l’Antioche de Pline sont deux villes différentes du Golfe Persique, ce dont je ne vois pas la nécessité. M. M. ne paraît pas avoir vu qu’on peut déduire qu’Antiochos IV reconquit la Sophène en même temps qu’il soumit la Grande Arménie ; cela semble résulter du texte où Polybe (XXV, 20) montre Mithradatès satrape en Arménie, indépendant d’Artaxias, faisant en 179 la paix avec Ariarathès IV de Cappadoce, et de celui où Diodore (XXXI, 21) et Polybe (XXXI, 17, 5) montrent Briarathès V (163-130) s’enten­dant avec Artaxias pour « rétablir sur le trône paternel Mithrobouzanès », personnage identique à Mithradatès ou son frère et héritier. Comme Artaxias devenu roi en 190 ne paraît guère avoir survécu à 160, comme Ariarathès X fut chassé par Orophernès en 158, il vaut mieux attribuer la vacance du trône de Sophène à la campagne d’Antiochos IV en 165 qu’à celle que son successeur Démétrios I qui a dû écraser en 160 Timarchos, le satrape de Babylone, lequel s’était déclaré indépendant, avec l’appui d’Artaxias, lors de l’avènement de Démétrios (162). M. M. a repoussé avec raison (p. 106) les hypothèses que M. Babelon a fondées sur Antiochis, concubine d’Antiochos IV, qui aurait eu de lui Mithridatès et aurait épousé ensuite Xerxès de Sophène ; mais, si le fragment du VIIIe livre de Polybe, qui nous fait connaître ces événements, se rapporte au début du règne d’Antiochos III, il fallait en tirer parti, ainsi que du fragment de Diodore (XXXI, 190) sur la révolte de la Commagène et de la notice de Stéphane de Byzance sur Ecbatane recevant le nom d’Epiphaneia, pour l’histoire de la rébellion des

hautes satrapies.

      P. 98. Les raisons données par Radermacher pour considérer comme un faux la fameuse lettre d’Antiochos à Phanias (ap. Ath., Xll, 547) ont été contestées par Crönert, Jahreshefte, 1907, p. 152.

A[dolphe] J[oseph]-Reinach