Calderini, Aristide: La Manomissione e la condizione dei liberti in Grecia. In-8°, xviii-464 p.
(Milan, Hoepli 1908)
Rezension von Adolphe Joseph- Reinach, Revue Archéologique t. 16 (4e série), 1910-2, S. 183-184
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Aristide Calderini. La Manomissione e la condizione dei liberti in Grecia. In-8°, xviii-464 p. Milan, Hoepli, 1908.


     Le besoin d’un ouvrage sur l’esclavage dans l’antiquité grecque se fait vivement sentir. Depuis l’Histoire de l’Esclavage de Wallon, les matériaux épigraphiques ont probablement décuplé. Ce sont surtout des actes d’affranchissement et c’est pourquoi, en consacrant son livre à la Manomissione, M. Calderini a dû aborder la plupart des questions que soulèvent les nouveaux matériaux. Ayant analysé son ouvrage en détail dans le Bulletin épigraphique de 1907-8, je me bornerai à dire ici qu’il est aussi bien composé qu’abondamment documenté et qu’il rendra les plus grands services. Malheureusement, le nombre des lapsus est assez considérable. Il faut espérer qu’une prochaine édition d’un ouvrage qui n’en reste pas moins excellent fournira à M. C. l’occasion de les faire disparaître. Plutôt que d’allonger les listes de ces erreurs que les critiques ont dressées à l’envi, je crois plus utile d’indiquer à l’aide de quels travaux on peut d’ores et déjà compléter et contrôler l’ouvrage de M. Calderini.

     Les deux régions pour lesquelles nous possédons le plus de manumissions sont Delphes et la Thessalie. Celles de Thessalie ayant été recueillies par Kern dans le volume du Corpus consacré à la Thessalie (IX, 2), W. Rensch a pu traiter dans tous ses détails De manumissionum titulus apud Thessalos (Halle, 1908). L’affranchissement thessalien présente une forme particulière, caractérisée par l’expression ξενικῇ (parfois avec λύσει). Calderini pensait à une manumission faite selon un mode étranger ; Rensch y voit, avec Heuzey, une assimilation de l’affranchi aux étrangers. La question reste obscure et l’on regrette qu’Ad. Wilhelm, en critiquant certaines parties de la dissertation de Rensch (Hermes, 1909, p. 58-9) ne l’ait pas reprise. A Delphes, bien qu’on ait publié plus de 800 affranchissements, il en reste encore plusieurs centaines d’inédits. P. Fournier en a communiqué 34 à Calderini qui a publié, touchant le lieu d’origine de ces esclaves, un intéressant tableau. Pour leurs noms, Max Lambertz, Die griechischen Sklavennamen (Gymnasiums-bericht de Vienne, 1907) et surtout S. Copalle, De servorum Graecorum nominibus capita duo (Marbourg, 1908) ont apporté à la fois des listes plus complètes et de très curieuses études sur les rapports entre le nom des esclaves et celui de leur maître, du pays d’origine de celui-ci ou de leur propre pays d’origine. De fait, dès le IVe siècle, la plupart des esclaves paraissent avoir pu s’affranchir par rachat : c’est ce Loskauf von Sklaven mit ihrem Geld qu’a étudié S. von Seuffert dans la Festschrift du trentenaire de la Faculté de droit de Giessen (1909) ; mais les esclaves des temples et les esclaves publics ne jouissaient pas de la même facilité que ceux des particuliers. M. Cardinali s’est attaché à définir la position exacte de ces δημόσιοι et de ces ἱεροί (Note di terminologia epigrafica, dans R.-C. dei Lincei, 1908). De tous ces travaux fondés sur les documents épigraphiques, il ressort de plus en plus que l’idée qu’on se faisait communément de l’esclavage en Grèce, d’après certains textes littéraires, était erronée. On ne saurait plus se scandaliser de voir Aristote approuver l’esclavage : dès son époque, en effet, l’esclave se trouve bien plus près de la domesticité moderne que de l’esclavage primitif et la civilisation hellénistique n’a pas eu à attendre le christianisme pour reconnaître les droits de ce servus qui n’est plus un serf, mais un serviteur.

 

A[dolphe] J[oseph]-Reinach