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Strong, Eugénie: Roman sculpture. In-8, xix-408 p. avec 130 planches hors texte. (London, Duckworth 1907) Recensione di Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 10 (4e série), 1907-2, p. 182-184 Site officiel de la Revue archéologique Link dell'edizione digitale di questo libro Numero di parole 1160 parole Citazione della versione on line : Les comptes rendus HISTARA. Link: http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=1178 Eugénie Strong[.] Roman sculpture. London, Duckworth, 1907. In-8, xix-408 p. avec 130 planches hors texte. Prix : 12 fr. 50. Ce remarquable ouvrage paraît à son heure, après les travaux de Riegl, de M. Wickhoff, de M. Strzygowski, qui ont ramené l’attention des archéologues sur la question de l’originalité de l’art romain — après les premières contributions, de haute valeur, apportées par des savants comme MM. Petersen, Altmann, Stuart Jones, etc. à l’étude détaillée des monuments de l’ère impériale. Mme Strong (Eugénie Sellers) a déjà rendu un grand service en publiant l’édition anglaise de la préface de M. Wickhoff à la Wiener Genesis, sous le titre heureux de Roman Art (1894). Depuis, elle a fait plusieurs voyages en Italie, étudié de nombreux musées, visité les collections privées de l’Angleterre ; elle s’est ainsi équipée à merveille pour un travail d’ensemble que peu de personnes étaient mieux en état qu’elle d’accomplir. Savoir s’il est légitime ou non de parler d’art romain — s’il ne vaut pas mieux parler simplement de l’art hellénistique au service de Rome — est une question, à tout prendre, plutôt verbale ; on eût pourtant désiré que Mme Strong signalât, dès le début de son livre, l’extrême rareté des signatures d’artistes romains, du moins dans le domaine de la statuaire et de la glyptique. Mais personne ne voudra plus soutenir aujourd’hui que la sculpture de la Rome impériale n’ait été qu’une longue « décadence », sans apparition ni développement d’éléments nouveaux ; ce serait contraire à l’idée, heureusement si répandue, de l’évolution, qui exclut ou réduit à une apparence ce qu’on est tenté d’appeler la stagnation. Il est plus difficile de savoir si le vieil art italique, survivant du moins à l’état de technique dans les arts mineurs et industriels, a pu, comme l’art celtique en Gaule, exercer quelque influence sur l’art hellénistique importé. A priori, cela est probable ; mais, pour arriver à une démonstration sur ce point, il faudrait recueillir, sur le sol même de l’Italie, les vestiges d’une tradition d’art indigène. Mme Strong ne s’en est pas occupée. En réalité, ce qui fait l’objet de son livre, ce n’est pas la sculpture romaine — il eût fallut l’étudier successivement dans toutes les provinces — mais la sculpture officielle en Italie, particulièrement à Rome, avec quelques rares excursus vers la Narbonnaise, la Grèce et l’Asie-Mineure. Sur ce terrain un peu étroit, mais bien délimité, l’autrice a présenté des conclusions du plus grand intérêt, qui, pour n’être pas entièrement nouvelles, n’avaient jamais encore été exposées sous une forme à la fois précise et accessible. Il faut la remercier d’avoir extrait la « substantifique moelle » des grands ouvrages si difficiles à lire, parfois si rebutants, de Riegl et de Wickhoff, où les abus de l’abstraction et de la terminologie hégélienne dissimulent aux lecteurs moins armés de courage des idées toujours ingénieuses, souvent neuves et justes. Les voilà, grâce à Mme Strong, lancées dans la circulation. L’époque d’Auguste avec l’Ara pacis — celle des Flaviens avec l’arc de Titus, peut-être aussi avec les médaillons de l’arc de Constantin — celle de Trajan avec les grands bas-reliefs du même arc, l’arc de Bénévent, la colonne Trajane — celle d’Hadrien avec la renaissance du classicisme — celle de Marc Aurèle avec sa colonne trop dédaignée et d’autres bas-reliefs de l’arc de Constantin — enfin celle des Sévères et de Constantin, qui, sous son aspect barbare, surprend par des nouveautés hier encore méconnues — telles sont les grandes divisions de la première partie de l’ouvrage, dont la seconde est entièrement consacrée à l’évolution du portrait romain. Mme Strong a donné elle-même (p. 337-346) un brillant résumé de la première partie de son travail ; je le traduirais volontiers ici, si je disposais de la place nécessaire, car pas un historien de l’art antique n’en pourra désormais faire abstraction. La discussion des thèses principales, celles de Riegl, de Wickhoff, de Stuart Jones, exigerait un mémoire très étendu dont la place est ailleurs. Qu’il me suffise de rendre hommage, une fois de plus, à la science très sûre de Mme Strong et à son talent d’exposition. J’ajoute que l’illustration du livre est très riche, en partie inédite, et que nous avons là pour la première fois, dans un format commode, à côté d’une histoire bien conçue et bien conduite, un véritable album de l’art sculptural sous l’Empire romain (1). S[alomon] R[einach]
(1) Pourquoi oublie-t-on à l’étranger le mémoire de Beulé sur l’originalité de l’art romain, publié dans la Revue des Deux Mondes de 1865 ? — P. 7, Cyprus n’est pas à son rang. — P. 31, l’authenticité du sarcophage étrusque du British Museum ne peut être admise de plano ; l’Adonis mourant, d’une main étrusque, que Mme S. trouve admirable, me paraît vilain. — P. 66, c’est introduire une confusion inutile que d’employer les mots tactile quality dans un tout autre sens que les tactile values de M. Berenson. — P. 67, rien sur l’influence indéniable de la technique du métal. — P. 94, le vers cité sans référence (Fecisti patriam, etc.) a été écrit vers 415 et n’était guère à sa place dans un chapitre sur Auguste. — P. 98, le Camillus du Louvre est presque entièrement moderne. — P. 99, la théorie de M. Furtwaengler sur Adam Klissi n’est pas, tant s’en faut, démontrée ; ce ne sont pas les serviteurs de Marcus Caelius qui ont élevé son cénotaphe. — P. 111, s’il a plu à Wickhoff, dans un moment d’exaltation, de comparer le sculpteur de l’arc de Titus à Velasquez, on voudrait ne pas retrouver ce paradoxe dans un livre d’enseignement si bien mûri. — P. 207, il fallait quelques mots, je crois, pour signaler le vice originel d’une décoration en spirale, faute de goût que des beautés de détail ne rachètent pas. — P. 229, l’affinité de la tête Ponsonby avec la Thusnelda a déjà été signalée ; mais je ne crois pas qu’on puisse placer l’invention de ces figures à l’époque de Trajan. — P. 252, je ne comprends pas qu’on admire la chevelure de l’Antinoüs Mondragone ; elle est déplaisante par sa sécheresse et sa rigidité métallique. — P. 299, ce qui concerne l’arc de Sévère est insuffisant. — P. 345, l’admiration de Mme Strong pour l’ivoire Barberini me confond ; c’est une antiquité de grand prix, mais une horreur. — P. 358 et suiv., on attendait quelques mots sur le beau portrait d’enfant impérial à Vienne. — P. 361, les bustes de Vitellius n’ont pas été copiés sur des monnaies et rien ne prouve qu’un seul d’entre eux représente Vitellius (cf. Rev. archéol., 1899, I, p. 204).
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