Guiraud, J.: Questions d’histoire et d’archéologie chrétienne. In-8, 304 p.
(Paris, Lecoffre 1906)
Recensione di Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 10 (4e série), 1907-2, p. 184-185
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J. Guiraud. Questions d’histoire et d’archéologie chrétienne. Paris, Lecoffre, 1906. In-8, 304 p.


Il y a dans ce volume huit essais, dont deux intéresseront particulièrement les archéologues (J. B. de Rossi ; les Reliques romaines au IXe siècle). Les plus importants sont relatifs à l’hérésie au moyen âge, aux Albigeois et aux Cathares. L’auteur, qui sait beaucoup de choses, affecte d’ignorer le chef-d’œuvre de Lea et cite les déclamations de Michelet pour se donner le facile plaisir de les réfuter. Sa thèse peut se résumer ainsi ; l’Église du moyen âge n’est pas innocente du sang des hérétiques (1) ; mais ces hérétiques (que nous connaissons seulement par leurs bourreaux) menaçaient la famille, la propriété, la religion, la société tout entière ; donc, en somme, l’Église a bien fait de les livrer au bras séculier, d’autant plus que l’ère des violences a été ouverte par les Albigeois eux-mêmes (p. 37). Voilà la réponse d’un professeur d’Université laïque « aux apologistes timides de l’Église qui craignent d’avouer sa rigueur ». C’est parfait ; il ne faut pas être un « apologiste timide » ; mais que dire des apologistes impudents (2) ?

                                                             S[alomon] R[einach]

 

(1) « Dans certains cas, concède gentiment M. Guiraud, la cruauté du fanatisme a pu s’exercer » (p. 45).

(2) A la p. 18, il y a une phrase latine, claire pour tout bachelier, sur laquelle le savant professeur a commis le plus étrange contre-sens. Voici le passage : « Comme la plupart d’entre eux, tout en restant dans le célibat, ne gardaient pas la chasteté, il s’ensuivait les pires des désordres. D’autre part, le but de la secte étant d’arrêter l’oeuvre de la création, en empêchant les naissances, on devine les pratiques immorales auxquelles ils se livraient pour enrayer la propagation de la race, lorsque, par suite de la faiblesse humaine, ils s’y étaient prêtés ; edula omnia, quae ex coitu nascuntur, eliminant. On comprend qu’au moment de décrire les erreurs des Bogomiles, Anne Comnène ait déclaré ne pouvoir le faire, sans blesser la pudeur. » Est-il vraiment nécessaire d’ajouter que les mots latins, ainsi détournés de leur sens par M. Guiraud, concernent uniquement les scrupules alimentaires des Cathares, qui supprimaient de leur alimentation tout ce qui était né de chair — et que M. Guiraud se fait grand tort à lui-même en prétendant y découvrir une obscénité ?