Zeiller, J.: Les origines chrétiennes dans la province romaine de Dalmatie. In-8, xix-188 p., 3 pl.
(Paris, Champion 1906)
Recensione di Edouard Maynial, Revue Archéologique t. 9 (4e série), 1907-1, p. 343-344
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J. Zeiller. Les origines chrétiennes dans la province romaine de Dalmatie. — Paris, Champion, 1906, in-8, xix-188 p., 3 pl.


          Ce travail, qui paraît dans la Bibliothèque de l’École des Hautes Études (155e fascicule), a été primitivement une étude sur les antiquités chrétiennes de Salone, présentée comme mémoire à l’Ecole des Hautes Etudes. Membre de l’École française de Rome, M. J. Zeiller a repris son mémoire, en le remaniant et en lui donnant un développement beaucoup plus considérable, de manière à en faire ce tableau d’ensemble sur l’histoire des origines chrétiennes en Dalmatie qu’il publie aujourd’hui. 

          Sur ce sujet, que de récentes découvertes, — les résultats de première valeur qu’ont donnés dans ces vingt dernières années les fouilles de Salone, — ont complètement renouvelé, M. Z. apporte une étude précise, complète, nettement ordonnée et d’un très grand intérêt : peu de pays offrent à l’histoire des premiers temps du christianisme un champ d’observation plus vaste et plus riche que cette province dalmate, point de contact de l’Orient et de l’Occident, des régions méditerranéenne et danubienne, ou se rencontrèrent tant d’influences diverses et souvent contradictoires.

          Après un court chapitre sur l’évangélisation primitive, dans lequel, en l’absence de témoignages précis, l’auteur, avec une louable discrétion et un juste souci de la vraisemblance, rapporte à la fin du Ier siècle la propagande chrétienne en Dalmatie, M. Z. aborde la discussion des légendes et s’attache particulièrement à celle de saint Domnius. Les pages qui sont consacrées à l’examen critique de cette question sont parmi les plus solides du livre. L’auteur conclut, conformément à l’opinion de Mgr Bulič, à l’existence d’un seul saint Domnius, ou mieux Domnio, qui vécut au IIIe siècle, non au Ier et fut martyrisé sous Dioclétien. Un exposé très consciencieux et très clair fait comprendre comment a pu s’établir dans la tradition populaire la croyance à un saint Domnius, disciple direct de l’apôtre Pierre, qui aurait fondé la communauté chrétienne de Salone. Mais ces conclusions n’excluent pas forcément l’existence d’une Église à Salone au IIe siècle, antérieurement à l’évêque martyr Domnio. Certains auteurs ont cru trouver dans les tombes du cimetière de Manastirine une preuve palpable de l’existence à Salone, au cours du IIe siècle, d’une communauté chrétienne. M. Z. montre que cette preuve n’est guère convaincante et que les inscriptions chrétiennes les plus anciennes découvertes dans ce cimetière ne sont pas antérieures à la seconde moitié du IIIe siècle. 

          L’histoire véritable des chrétientés dalmates commence vers le milieu du IIIe siècle avec saint Anastase et saint Venance de Salone, premier évêque authentique de la communauté, martyrisé sous Aurélien en 270. M. Z. se refuse à distinguer un Anastase le foulon et un Anastase le corniculaire ; il les ramène, comme Domnius et Domnio, à un seul personnage. Tout porte à croire que c’est Venance, et non Domnius, qui entreprit et réalisa la conquête spirituelle de la Dalmatie. 

          A partir de Dioclétien, la succession épiscopale se poursuivit régulièrement à Salone, au milieu des persécutions et parmi les troubles de l’arianisme. M. Z. établit une liste authentique de dix-sept évêques, entre 270 et 602, ne retenant que ceux dont l’existence lui paraît rigoureusement attestée.

          Trois chapitres sont consacrés à l’étude des antiquités chrétiennes de Dalmatie, entre le IVe et le VIe siècles, cimetières et monuments funéraires de Salone, de Manastirine, de Marusinac, de Vranjič, basiliques de Salone, de Manastirine et de Marusinac. M. Z. a visité tous ces monuments et étudié sur place les inscriptions qu’ils ont données. Son travail a donc été mis directement au courant des dernières découvertes : toute cette partie du livre, éclairée par trois plans très détaillés, atteste l’importance de la chrétienté salonitaine. C’est donc fort légitimement que l’auteur conclut que « l’Église dalmate n’a pas été, durant l’époque romaine, puis à l’âge byzantin, une fraction sans importance de l’Église universelle. » Son ouvrage, d’une critique informée, minutieuse et équitable, accompagné d’une bibliographie complète, de tables détaillées et d’un index alphabétique, restera comme un instrument de travail très pratique et très sûr. 

E[douard] M[aynial]