Calland, Virgile: Notice sur un Jupiter gallo-romain trouvé à Jouy, canton de Vailly-sur-Aisne
(Paris, Dumoulin )
Recensione di S. P., Revue Archéologique 5, 1862-3, 2e série, p. 86-87
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Notice sur un Jupiter gallo-romain trouvé à Jouy, canton de Vailly-sur-Aisne, par M. Virgile Calland, bibliothécaire de la ville de Soissons, accompagnée de deux lithographies par M. P. Laurent, professeur de dessin. Paris, Dumoulin, libraire, quai des Augustins, et à Soissons, chez tous les libraires.


       Le village de Jouy, Jovianus,situé à quatre kilomètres environ au nord de Vailly-sur-Aisne, est connu des géologues pour ses bancs coquilliers, et des archéologues pour les antiquités romaines que l’on y a souvent découvertes. Au mois de juillet 1859, des ouvriers carriers occupés à extraire des pierres au lieu dit la Carrière Bouzy, à deux kilomètres de Jouy, mirent à nu, au milieu d’un amas de décombres en partie calcinés, une pierre de quatre­-vingts centimètres de haut sur cinquante de large, portant sur l’une de ses faces une figure sculptée en bas-relief, qui fut recueillie par un cabaretier du village et devint le prétexte d’une fête dans laquelle le dieu, car c’en était un qui avait autrefois reçu les adorations de la foule, servit d’enseigne au marchand pour achalander son commerce. Le président de la Société archéologique de Soissons, M. de La Prairie, ayant eu con­naissance de ce fait, alla visiter cette pierre qu’on avait, après la fête, reléguée dans un grenier obscur, et bien qu’il ne pût en reconnaître d’abord l’importance, il chercha cependant à en faire l’acquisition, et délégua ensuite plusieurs membres de la Société archéologique de Soissons pour aller conclure le marché et en prendre livraison. C’est ainsi que ce curieux monument passa en la possession du musée de Soissons. Comme nous l’avons dit, c’est une pierre de quatre-vingts centimètres sur cinquante centimètres en calcaire grossier du pays, La figure, qu’on avait d’abord prise pour celle d’un guerrier romain, représente un Jupiter debout, com­plétement nu, la tête couronnée d’une branche de laurier, tenant de la ­main gauche un sceptre et posant la droite sur un rayon de foudre qui ­s’en échappe, et dont les deux extrémités se terminent par un dard. C’est donc un Jupiter Tonnant parfaitement caractérisé et qui vient expliquer l’éty­mologie de Jouy, Jovis. Pour ôter toute incertitude sur le caractère du mo­nument de Jouy, il suffit de le comparer avec le Jupiter qui fut découvert à Paris, en 1711, dans les fouilles pratiquées sous le chœur de Notre-Dame, et qui se trouve aujourd’hui au musée de Cluny, sous le n° 1 du catalogue. Ce dernier, comme on sait, fait partie d’un autel élevé à Jupiter par les mariniers de Paris, sous le règne de l’empereur Tibère, et composé de deux pierres superposées en forme de cippe carré, dont les faces présentent des personnages sculptés en relief. Sur la première est le Jupiter debout dont nous parlons, ayant la partie gauche du corps couverte d’une draperie, tenant dans la main droite une pique et dans la gauche un foudre que l’on peut à peine distinguer ; au-dessus de la tête on lit : IOVIS ; la seconde face représente Vulcain ; la troisième Esus, le Mars gaulois, et la quatrième un taureau avec une inscription. Quoique les deux monuments ne se ressemblent point, puisque l’un est un bas-relief et l’autre un autel à quatre faces, en comparant le Jupiter de Jouy avec celui de Paris, on constate entre eux une telle analogie, qu’ils semblent venir de la même main et peuvent servir à s’interpréter l’un l’autre. C’est ce que M. Virgile Calland, dans l’intéressante Notice que nous annonçons, a très bien fait ressortir, quoique avec un esprit d’induction qui va peut-être un peu loin.    

S. P.