Brünnow, R. E. - Domaszewski, A. v.: Die Provincia Arabia. Dritter Band. Gr. 4°, xiv-404 p., avec 4 planches doubles, 102 photogr. et 156 dessins ou plans.
(Strassburg, K. J. Trübner 1909)
Recensione di Louis Jalabert, Revue Archéologique t. 14 (4e série), 1909-2, p. 311-313
Site officiel de la Revue archéologique
 
Numero di parole 1065 parole
 
Citazione della versione on line : Les comptes rendus HISTARA.
Link: http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=1560
 
 

R. E. Brünnow et A. v. Domaszewski, Die Provincia Arabia. Dritter Band. Gr. 4°, xiv-404 p., avec 4 planches doubles, 102 photogr. et 156 dessins ou plans. Strassburg, K. J. Trübner, 1909. Prix : 60 marks.


Avec ce troisième volume s’achève la somptueuse monographie, consacrée par MM. B. et v. D. à la province d’Arabie. Grâce à leurs voyages (1897 et 1898), grâce surtout à la savante élaboration des matériaux déjà réunis par leurs devanciers ou recueillis par eux, cette province, une des plus délaissées et des moins connues, se trouve actuellement une des plus richement dotées. Le premier volume contenait la description de la voie romaine de Madaba à XXXXX par Pétra et XXXXX, ainsi que celle des cités desservies par la grande route de pénétration. On se souvient de la magistrale étude consacrée aux monuments de Pétra. Le limes oriental ainsi que le réseau de voies rattachant XXXXX à XXXXX formaient la matière du second volume. Le dernier épuise la partie descriptive et présente, dans une dernière section, un coup d’œil sur l’histoire de la province d’Arabie.

Ne pouvant entrer dans le détail, il suffira de renvoyer le lecteur aux chapitres les plus importants, notamment à ceux qui contiennent la description de XXXXX, capitale de la province (p. 1-84,) de Suwêdâ (p. 88-101), de Kanawât (p. 107-144), de Šuhba, la ville d’origine de Philippe l’Arabe (p. 145-178), etc. XXXXX, avec ses portes monumentales, ses colonnades corinthiennes, son arc de triomphe à triple baie, ses thermes, ses réservoirs, son grand temple, ses églises, sa cathédrale dédiée aux saints Sergios, Bacchos et Leontios, son magnifique théâtre ; — Suwêdâ et XXXX, avec leurs temples ; — Kanawât, avec ses temples, sa colonnade, son « séraï » imposant et luxueusement décoré, son hippodrome, son odéon, son nymphaeum et ses tombeaux : toutes ces cités donnent une idée très précise de ce que fut une ville provinciale florissante du IIe et du IIIe siècle. Aussi ces belles ruines, trop imparfaitement connues, méritaient elles d’être l’objet d’un examen attentif et d’une description détaillée. MM. B. et D. y ont mis tous leurs soins. Grâce à l’heureuse idée qu’ils ont eue de réunir autour de chaque monument les témoignages des anciens voyageurs, en les lisant on entend leurs devanciers. Tour à tour ils complètent et rectifient ce qu’ils ont d’insuffisant ou leur empruntent des renseignements précieux sur l’état ancien des ruines que, de nos jours, la main des hommes éprouve plus encore que le temps. Le texte voit sa valeur accrue par l’abondance extrême et le choix heureux de l’illustration graphique : photographies, plans, coupes, profils, restaurations, dessins cotés, détails d’ornementation font de ce volume un album infiniment précieux.

A la réserve de deux dissertations, l’une sur le camp de XXXXX (p. 187-199), où campèrent la coh(ors) I Fl(avia) Chal(cidenorum) eq(uitata sag(ittariorum) puis l’ala p(rima) Vo(contiorum), l’autre sur les ouvrages d’attaque des Romains devant Masada (p. 221-224), dues à von Domaszewki et où se reconnaît la maîtrise de l’homme qui connaît le mieux les questions militaires de l’antiquité romaine, tout ce volume est l’œuvre à peu près exclusive de M. Brünnow. Assyriologue éminent qui s’est laissé prendre aux attraits de l’archéologie, il a apporté à sa tâche, avec une conscience scrupuleuse, une méthode dont personne ne méconnaîtra la rigueur et des connaissances archéologiques et épigraphiques qui feraient honneur à un spécialiste. Ces qualités, alliées à une forme critique et à une étude approfondie des sources, se manifestent à un degré spécial dans le tableau historique qui termine le volume (p. 248-360) et couronne l’œuvre.

On sait à quoi se réduisait, il ya quelques années, ce que nous savions de la province romaine d’Arabie. Cela tenait dans quarante-cinq lignes (sans compter les notes) de Marquardt et quelques dissertations. M. B. a repris cette étude par la base. Un premier paragraphe (p. 249-263) sur les provinces orientales, leurs diverses répartitions, les sources qui nous renseignent sur leurs modifications et leurs distributions successives pose le problème. Les frontières de la province créée par Trajan, leurs divers tracés au IIe et au IIIe siècle sont ensuite déterminés avec le plus grand soin à l’aide de critères précis (voies de communication, inscriptions mentionnant des gouverneurs, indications de corps de troupes, emploi de telles ou telles ères), dont les données convergentes, minutieusement contrôlées, permettent d’atteindre au maximum de probabilité p. 264-270). Trois questions, secondaires, mais en étroit rapport, la création de l’Augusta Libanensis, la scission de l’Arabie en deux tronçons et l’incorporation de sa moitié méridionale à la Palaestina, l’érection de la Palaestina Salutaris (p. 271-280) achèvent l’esquisse des multiples transformations de l’Arabie de Trajan et de son histoire territoriale du début du IIe siècle à l’époque byzantine. Après la province, le gouverneur. M. B. étudie (p. 281-286), à la lumière des sources littéraires et des inscriptions, les divers fonctionnaires qui ont présidé tour à tour aux destinées de cette marche-frontière : légats prétoriens, praesides ducis..., dont les titres divers, surtout au bas empire, sont précisés avec sagacité. Suit une liste (p. 287-302) qui constitue la prosopographie de la province, depuis 105 jusqu’à la fin du VIe siècle, avec table de concordance des gouverneurs d’Arabie, de Palestine et de Syrie. Un dernier paragraphe (p. 303­-307) groupe ce que nous pouvons savoir des ères employées dans la province, ères de la province, des Séleucides, de Pompée, d’Actium ou computs municipaux et l’étude se termine sur un tableau chronologique (p. 308-360) dans lequel sont échelonnés, de 37 av. J.-C. à 785 J.-C., avec synchronismes par noms d’empereurs, de gouverneurs, de rois sassanides et de califes, tous les texte épigraphiques datés qui forment la matière première qu’aura à mettre en œuvre l’historien de l’Arabie. Mais l’heure n’est pas encore à cette rédaction définitive. Il est à croire que le millier de textes recueillis par l’expédition de Princeton University, dont la publication est à peine commencée, nous réserve des surprises. Attendons que les nouveaux documents viennent prendre place dans le cadre si fermement tracé par M. B. ; alors il faudra que ce savant, après l’esquisse provisoire, écrive le livre qui devra rester. D’ici là, son Ueber­blick rendra d’éminents services, d’autant que l’exécution matérielle en est de tout point parfaite. Les faits sont résumés ou interprétés en paragraphes très clairs, au dessous desquels s’alignent en bel ordre les documents et les textes, imprimés en caractères plus petits ; des addenda et des tables excellentes (p. 361-403) terminent le volume. Les additions ou rectifications que je suis en mesure d’apporter à l’œuvre de M. B., — peu nombreuses du reste et d’importance très secondaire, — feront l’objet d’une note spéciale dans les Mélanges de la Faculté orientale de Beyrouth.

L[ouis] J[alabert]