Cauuet, Béatrice: L’Or des Celtes du Limousin
(Culture et Patrimoine en Limousin, Limoges 2004)
Compte rendu par Michel Feugère, Instrumentum, 2004, p. 11
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Béatrice Cauuet : L’Or des Celtes du Limousin. Culture et Patrimoine en Limousin, Limoges 2004, 116 p., nbr. Ill. dont coul.


Suivant plusieurs publications analytiques sur le même sujet (notamment, sous la direction du même auteur, L’or dans l’Antiquité, de la mine à l’objet. Actes du Colloque international de Limoges, 1994, suppl. 9 à Aquitania, 1999, 492 p.), cet opuscule de présentation agréable fait le point des acquis de la recherche récente sur l’exploitation de l’or par les Gaulois en Limousin. Si quelques aurières livrent des indices remontant à l’Âge du Bronze, l’essentiel de l’exploitation aurifère se place dans cette région au deuxième Âge du Fer, les mines ayant été abandonnées dès l’époque romaine.

 

Après les indispensables phases de prospection (archives des mines modernes, toponymie, prospection aérienne et terrestre), la grande nouveauté des recherches récentes est venue des fouilles qui, seules, permettent de dater les exploitations, tout en étudiant les techniques d’extraction et de traitement de l’or. En fonction des gisements, les mineurs gaulois ont pratiqué l’exploitation en fosse, à ciel ouvert, en tranchée suivant un filon ou encore en galerie souterraine. Des aménagements en gradins, la réserve de piliers ou de ponts de roche, permettaient d’éviter au maximum les boisages. L’analyse de nombreuses mines est évidemment compliquée par les reprises d’exploitations, qui vont de l’époque mérovingienne au XXe siècle.

 

Les mines les plus profondes, quand elles ont été abandonnées anciennement et surtout comblées par les haldes abandonnées près de l’exploitation, ont pu être noyées et conserver de ce fait des boisages posés selon différentes techniques. Certains de ces travaux, utilisant poteaux et planches, font appel à des assemblages à tenon et mortaise, directement inspirés des techniques de construction domestique contemporaines, mais pratiquement inconnues dans les fouilles. L’étude des mines révèle en outre le recours à diverses techniques comme des plates-formes de travail, des systèmes d’aération et de drainage des galeries (par pendage naturel ou par des moyens mécaniques), tous aménagements insoupçonnés, qui font des mines gauloises des ensembles beaucoup plus complexes qu’on ne pouvait le supposer jusqu’à maintenant.

 

La fouille des abords des mines a également permis de connaître les étapes de la chaîne opératoire suivant l’extraction proprement dite du quartz aurifère ; concassage, grillage et broyage, concentration, fusion et affinage de l’or. Ces techniques, imposées par la nature des filons et du métal (natif ou sulfuré…) évoluent aussi dans le temps puisque les Gaulois, ayant d’abord exploité l’or natif, ont dû se tourner progressivement vers des mines nécessitant une préparation du plus complexe.

 

Ne négligeant aucun aspect de l’activité minière, de la relation aux habitats voisins jusqu’à l’estimation des prélèvements forestiers dus aux boisages, évoquant enfin les reconstitutions de l’archéologie expérimentale, cet ouvrage met en valeur les apports scientifiques d’une recherche exemplaire, longtemps considérée comme ingrate, voire peu rentable. C’est tout le contraire désormais ; grâce aux données fiables apportées par les fouilles de mines et d’installations métallurgiques, on a maintenant une première idée de ces exploitations protohistoriques. Si les calculs effectués sont justes, ce sont entre 68 et 172 tonnes d’or qui ont été produites en Limousin du Ve au Ier s. av. notre ère ; c’est peut-être une partie de cette production, exportée vers le Sud, qui a donné naissance à la légende de l’or tectosage, dont les quelques parures et monnaies parvenues jusqu’à nous ne peuvent nous donner qu’une pâle idée.