Hourticq, Louis: Les tableaux du Louvre. Histoire-guide de la peinture. ln-8, 160 p., avec gravures et plans.
(Paris, Hachette 1912)
Recensione di Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 23 (4e série), 1914-1, p. 314-315
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1. Musée du Louvre. Les salles de peinture. Plan-guide illustré. Paris, Braun, 1912. In-8, 211 p. avec gravures et plans. — 2. L. Hourticq, Les tableaux du Louvre. Histoire-guide de la peinture. Hachette, 1912. ln-8, 160 p., avec gravures et plans. — 3. P. Vitry, Le Musée du Louvre. Guide-sommaire. Paris, Braun, 1913. In-8, 86 p., avec gravures et plans.


Ces trois volumes sont tous richement et soigneusement illustrés ; le plus recommandable à cet égard est le n° 2, dont les zincogravures, moins nombreuses que celles du n° 1, sont, en revanche, de qualité supérieure. Mais, si l’on considère le texte, il n’y a pas de comparaison possible : les nos 2 et 3 sont de bons petits livres ; le n° 1 est à mettre au pilon.

On apprend, dans le n° 1, que Bonifazio est un peintre florentin, que la Vierge de Baldovinetti est de l’école de Botticelli, que le portrait de Michel-Ange est l’œuvre de Tintoret, que le Pérugin est distinct de Vannucci, que certains tableaux sont l’œuvre de Giovanni ou Gentile Bellini. Les noms estropiés ne se comptent pas. Spécimens de style : « Louis XVI s’adonna à l’école hollandaise ; l’Angelus de Millet et le 1814 de Meissonier sont des œuvres mondialement connues ». On apprend encore que le mobilier donné par Mme Boursin « est évalué à plus d’un million », que la collection Adolphe de Rothschild « est évaluée à 20 millions » ; mais on n’apprend pas — dans l’historique du Musée ! — que la Révolution et Napoléon Ier ont ajouté aux richesses du Louvre, que Napoléon III a fait acquérir la collection Campana. Le rédacteur n’a pas signé ; c’est ce qu’il a fait de plus sage.

M. Hourticq parle de ce qu’il sait et émet, à l’occasion, des vues personnelles ; il écrit avec élégance et non sans finesse. Son petit Guide, qui est aussi un précis d’histoire, sera très lu et rendra service. Son tort est parfois de ne pas assez expliquer les œuvres et de trop chercher l’esprit. Exemples : ce qui est dit de la Visitation de Ghirlandajo est juste, et même fin, mais les deux saintes femmes qui encadrent la scène principale ne sont pas désignées ; ce qui est dit de l’Antiope de Corrège est exact (à un détail près) (1), mais pourquoi cette réflexion : « La pose de la dormeuse est trop jolie pour être commode » ? Cela est peut-être « joli », mais n’est sûrement pas vrai ; on dort à merveille dans cette position. — La Salle La Caze (école française), et les dessins ont été quelque peu sacrifiés.

Le Guide de M. Vitry est le plus compréhensif et le plus pratique ; il est d’ailleurs le plus sommaire. Tout commençant devra désormais le lire en suivant l’itinéraire indiqué. Bien entendu, l’auteur a dû choisir et ne citer que des œuvres de premier ordre ; il arrive rarement qu’on soit en désaccord avec lui sur le choix ; pourtant (p. 20), je crois qu’il ne fallait pas parler de la Résurrection de Memling, mais de l’admirable panneau légué par Gatteaux ; p. 38, il était peu utile d’énumérer les fontes du Primatice dans les galeries Denon et Mollien et il eût mieux valu décrire un des sarcophages, celui de Diane et Actéon, par exemple. J’ai noté peu d’erreurs ; p. 39, Scopas n’est pas « l’auteur du célèbre Mausolée d’Halicarnasse » ; p. 40, ce n’est pas en 1816 qu’Elgin a enlevé les sculptures du Parthénon ; p. 43, l’Ara pacis augustae n’a été « reconstituée » ni au Louvre ni ailleurs. L’illustration a été choisie avec beaucoup d’intelligence, mais il y aurait lieu de rectifier la légende de la planche intitulée « Statuettes de Tanagra » : une seule des trois statuettes figurées provient de Béotie.

S[alomon] R[einach]

 

(1) « Les anciens inventaires disaient seulement : Nymphe et Satyre. Ce n’est qu’assez tard qu’on appela les sujets de ce genre : Antiope et Jupiter ». M. Hourticq oublie (Corrado Ricci l’a oublié aussi) que Corrège a peint la suite des amours de Jupiter, Io, Léda, Danaé, Ganymède ; Antiope figurait naturellement dans cette série.