Saulcy, F. de: Les Campagnes de Jules César dans les Gaules, études d’archéologie militaire
(Paris.Didier et cie 1862)
Recensione di A. B., Revue Archéologique, 1862
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Les Campagnes de Jules César dans les Gaules, études d’archéologie militaire,

par M. F. de Saulcy, de l’Institut. 1 vol. in-8°.


 

Il est des livres qui paraissent nés sous une heureuse étoile. Le livre de  M. de Saulcy est du nombre. Quel but, en effet, poursuit l’auteur? la recherche de l’emplacement des diverses actions engagées entre César et les Gaulois, la direction des marches du grand capitaine, l’éclaircissement enfin du texte des Commentaires par l’étude du terrain et des conditions stratégiques où se sont successivement trouvés les Romains et les Gaulois. César, sans doute, dit tout cela, mais si brièvement, si laconiquement qu’il faut, quand on n’a pas le terrain sous les yeux, une espèce de divination pour comprendre tous les détails du texte. En présence des localités où les faits se sont passés, tout s’illumine au contraire et devient d’une parfaite clarté. Mais les localités, comment les retrouver ? Inutile de rien demander à la tradition. Les traditions relatives à César n’existent plus sur notre sol depuis longtemps. Les monuments et les camps auxquels ce grand nom est encore attaché, sont presque tous, on pourrait peut-être
dire tous, d’une autre époque. C’est le texte à la main qu’il faut demander
aux collines, aux vallées, aux plaines, aux rivières, si César et son armée
n’ont pas passé par là ; en sorte qu’il y a là comme un cercle vicieux, puisque c’est le texte qui seul peut servir à retrouver l’emplacement des batailles, et ce n’est qu’en présence des lieux qu’on comprend tout à fait le
texte. Là était la difficulté ; M. de Saulcy l’a presque toujours surmontée.
Sa profonde connaissance de l’art militaire, sa vive pénétration, sa rare
sagacité lui ont permis de mettre en relief dans une traduction libre mais
saisissante tous les détails épars et comme voilés dans le texte qui caractérisent le terrain qu’il cherche ; puis il dit, en mettant le doigt sur la carte ; Le champ de bataille était là. Eh bien, sans parler d’Alise où les fouilles
qu’il dirige comme président de la Commission de la topographie des
Gaules sont si parlantes, voilà que sur une question bien plus neuve, bien
plus obscure en apparence, d’autres fouilles viennent de lui donner com-
plètement raison et pour l’ensemble et pour les détails. Il s’agit du
vaste champ d’opération qu’Hirtius décrit dans le huitième livre des
Commentaires, et où César anéantit la valeureuse peuplade des Bellovaques. M. de Saulcy avait dit ; César a campé dans la forêt de Compiègne,
à Saint-Pierre en Chastre. C’est là qu’il s’est fortifié ; les Gaulois étaient en face, sur le mont Saint-Marc que les Romains attaquèrent par le mont
Collet. Or S. M. l’Empereur vient de faire fouiller la colline de Saint-Pierre
en Chastre. Hirtius raconte que César avait entouré son camp d’un double
fossé comme à Alise ; ce double fossé a été retrouvé avec une quantité consi-
dérable d’amphores, de poteries grossières, et une vingtaine de fibules ou
agrafes en fer, toutes de même module, et qui sont évidemment des fibules
d’uniforme. Les travaux qui se continuent donneront sans doute bien
d’autres résultats ; nous n’avons ici qu’un point à relever, c’est le parfait
accord qui existe entre le résultat obtenu par les fouilles et le résultat
obtenu par l’étude consciencieuse du texte. C’est assurément le plus grand
éloge que l’on puisse faire du livre de M. de Saulcy. Une carte de la forêt
de Compiègne qui accompagne le texte achève de peindre aux yeux ce
que l’esprit a déjà facilenient saisi à la lecture de l’article consacré à la
huitième campagne des Commentaires. Les Campagnes de Jules César dans
les Gaules deviendront le vade-mecum de tous ceux qui veulent étudier à
fond et sérieusement les Commentaires, soit qu’ils désirent s’inspirer de
la vué des lieux nettement déterminés pour pénétrer plus avant dans l’en-
tente du récit, soit qu’ils aient l’intention de continuer les études com-
mencées et de les contrôler par de nouvelles fouilles ou de nouveaux
travaux. Le livre de M. de Saulcy est le commentaire nécessaire des
Commentaires de César. A. B.