Struck, A.: Mistra eine mittelalterliche Ruinenstadt. 1 vol. 8° de 164 pages, avec 76 illustrations et plans.
(Vienne et Leipzig, Hartleben 1910)
Recensione di Charles Diehl, Revue Archéologique t. 19 (4e série), 1912-1, p. 358-359
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A. Struck. Mistra eine mittelalterliche Ruinenstadt,Vienne et Leipzig, Hartleben, 1910. 1 vol. 8° de 164 pages, avec 76 illustrations et plans.


 


      En attendant que M. G. Millet ajoute à son intéressant album des Monuments byzantins de Mistra le livre qui donnera à ces planches toute leur signification et tout leur intérêt, M. A. Struck a pensé qu’une description attentive et précise des ruines de la cité franco-byzantine ne serait point inutile. Avec infiniment de modestie, d’ailleurs, l’auteur s’est défendu de vouloir faire autre étude qu’un guide, permettant au visiteur de s’orienter à travers l’histoire et les édifices de Mistra, et il n’a eu nulle prétention d’entrer en concurrence avec les travaux approfondis qui nous feront connaître en détail l’exploration commencée il y a tantôt 17 ans. Mais, même réduit à ces proportions, l’ouvrage agréablement illustré, et accompagné de plans satisfaisants (on regrettera seulement l’absence d’un plan général de Mistra) n’est point indigne d’attention.

        M. V. toutefois est visiblement architecte plus qu’historien. Dans les chapitres qu’il a consacrés à exposer l’histoire de la Mistra franco-byzantine, on sent une érudition d’assez fraîche date qui n’est point toujours très sûre d’elle-même et qui découvre mal en tout cas l’ensemble des événements. C’est un récit assez superficiel et par endroits inutilement compliqué d’événements connus ; on y relèverait sans peine nombre de menues erreurs ou négligences. L’étude des monuments au contraire a fourni à l’auteur l’occasion de remarques intéressantes et personnelles. Il a bien mis en valeur les caractères distinctifs de l’architecture des différentes églises de Mistra, analysé assez finement ce qui fait l’originalité des saints Théodoros (p. 91-93), ou ce qui distingue, sous des apparences presque semblables, la basilique à coupole de la métropole des églises de la Panagia du Broutychiou ou de la Pantanassa (p. 95-96) ; il a ingénieusement observé la structure et les variantes des édifices qu’il appelle « les églises » en croix grecque à deux colonnes et qu’on rencontre à Mistra en plusieurs exemplaires, et il est intéressant de noter enfin que plusieurs de ces constructions, la métropole (p. 82-83) et peut-être la Peribleptos, lui semblent, dans leur forme primitive, remonter bien au delà du XIIIe siècle.

        Pour ce qui touche les peintures si intéressantes qui décorent les églises de Mistra, on jugera sans doute que même pour un guide la description en est parfois un peu bien sommaire. Mais on retiendra deux remarques intéressantes. L’une est relative aux influences occidentales, très visibles dans les monuments de l’architecture et que M. S. incline également à retrouver dans les fresques de Mistra — ce dont je suis au reste moins assuré que lui. L’autre a trait à tout ce que nous sommes en droit d’attendre d’une exploration complète de Mistra, qui ne se bornerait point à relever les édifices, encore à peu près intacts, mais qui s’attacherait aux ruines par des fouilles méthodiques. Pour l’histoire du despotat de Morée, pour la vie civile, pour l’organisation militaire, pour la connaissance de l’administration byzantine, pour l’étude des relations entre l’Orient et l’Occident, M. V. compte que de telles fouilles fourniraient de précieux matériaux. J’ai peur que ce ne soient là de bien vastes espérances. Mais, telle qu’elle est, cette Mistra qu’on peut justement nommer une Pompéi byzantine demeure assurément une des plus pittoresques et des plus instructives parmi les ruines de la Grèce du moyen âge et il faut remercier en conséquence M. S. d’avoir pris la peine, dans un livre agréable, de faire connaître à un public autre que celui des érudits l’intérêt que présentent ses monuments.

Ch[arles] Diehl