Durkheim, Emile: Les formes élémentaires de la vie religieuse. Le système totémique en Australie. In-8, 647 p., avec une carte.
(Paris, Alcan 1912)
Recensione di Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 20 (4e série), 1912-2, p. 182
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Numero di parole 250 parole
 
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Emile Durkheim. Les formes élémentaires de la vie religieuse. Le système totémique en Australie. Paris, Alcan, 1912. In-8, 647 p., avec une carte.


L’idée maîtresse de cet admirable livre — où ce ne sont pas les idées qui manquent — est que le premier rudiment d’Etat a été une Eglise, dont les fidèles étaient groupés, disciplinés, fortifiés, exaltés au besoin par le culte totémique, le totem étant non seulement l’emblème commun, le signe de ralliement, mais, par les vertus qui lui sont attribuées, quelque chose comme la projection dans le monde sensible du principe actif de l’Eglise-Etat. Dans le domaine du sacré, opposé à celui du profane qui le pénètre, tout ce qui est individuel est tardif, surajouté ; intellectuellement, moralement, bien entendu aussi religieusement, l’homme est membre d’une Église, pense et agit par elle, avant de songer à agir et à penser par lui-même. Loin d’être l’origine de la religion, la magie en dérive, car il n’y a pas d’Église magique : c’est la révolte de l’individu dans le domaine religieux. Tout cela, et mille autres choses encore, est fort bien appuyé par l’étude des sociétés australiennes les plus primitives ; M. Durkheim ne s’intéresse pas à la question du totémisme européen et de ses survivances possibles ; il l’étudie là où il existe encore, comme l’a fait Frazer. Mais alors que Frazer finit par un « Que sais-je ? » M. D. n’est pas loin d’aboutir à un « Je sais tout ». Je le félicite et le remercie d’avoir dogmatisé ; nous commencions à en éprouver le besoin.

S[alomon] R[einach]