Meyer, Eduard: Histoire de l’antiquité. Tome I. Introduction à l’étude des sociétés anciennes. Trad. par Maxime David. In-8, viii-284 p.
(Paris, Geuthner 1912)
Reseña de Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 20 (4e série), 1912-2, p. 305-306
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Eduard Meyer. Histoire de l’antiquité. Tome I. Introduction à l’étude des sociétés anciennes. Trad. par Maxime David. Paris, Geuthner, 1912. In-8, viii-284 p.


Le premier volume de cette traduction de la grande œuvre d’Ed. Meyer répond à la première partie du premier volume allemand — de beaucoup la plus faible — et comprend toutes les généralités (évolution politique et sociale ; évolution intellectuelle ; l’histoire et la science historique). Meyer est difficile à traduire, impossible à traduire littéralement ; pour bien faire, il faut repenser en français ce qu’il écrit et s’écarter résolument de l’original en tout ce qui touche le choix des mots, la coupe des phrases, etc. M. David ne l’a pas osé ; il en résulte que ce volume est d’une lecture pénible et que le charabia n’y est pas rare. Spécimen choisi entre cent et plus (p. 79) ; « En idée, tout groupement humain — État tribal, État cité, État territorial, aussi bien que les groupements plus petits inclus dans les premiers — est fermement délimité d’avec ce qui l’entoure, et d’une durée éternelle… La corrélation entre l’assimilation et la différenciation, qui régit le rapport de l’individu humain aux groupements, se répète ici sur un plan plus vaste, etc. » Assurément, ceux qui ne savent pas l’allemand et veulent connaître la pensée d’Ed. Meyer trouveront ici à s’instruire ; mais ils ne liront pas cela pour leur plaisir.

Une déplorable habitude allemande consiste à mêler les langues, par exemple à écrire (p. 25) : «  Les Agathyrses ἐπίκοινον τῶν γυναικῶν τὴν μίξιν ποιεῦνται » comme si cela ne pouvait pas se dire dans une langue moderne, le texte grec étant relégué en note. Il eût fallu laisser cela à M. Meyer.

Je m’abstiens de critiquer le fonds ; il faudrait un long compte rendu critique. J’observe seulement que dans ce livre, où il est tant question de l’origine de l’État et de la famille, les noms de Mac Lennan, de Frazer et de Fustel de Coulanges ne sont même pas prononcés (1).

Pour terminer par un éloge à l’adresse de l’éditeur, je dirai que l’impression est très belle et m’a semblé remarquablement correcte.

S[alomon] R[einach]

 

(1) On admirera la légèreté avec laquelle un illustre savant comme M. E. Meyer s’occupe de questions aussi difficiles que le totémisme sans en connaître même les éléments (§ 54, 55, 62).