Lesquier, Jean: Les institutions militaires de l’Égypte sous les Lagides. In-8, xviii-383 p.
(Paris, Leroux 1911)
Reseña de Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 20 (4e série), 1912-2, p. 312
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Jean Lesquier. Les institutions militaires de l’Égypte sous les Lagides. Paris, Leroux, 1911. In-8, xviii-383 p.


C’est l’armée macédonienne, celle de Philippe surtout, qui a servi de modèle à celle de l’Égypte ptolémaïque ; malheureusement, les documents sont trop rares à certaines époques pour qu’il soit possible de suivre ces institutions militaires dans leurs transformations. Ils ne sont nombreux qu’au IIIe et au IIe siècle ; c’est cette période qu’a surtout étudiée M. Lesquier. La grande majorité de ces documents concernent des clérouques et des catoeques, c’est-à-dire des soldats colons dispersés à travers l’Égypte.  Ces soldats font-ils partie de l’armée active ? Suivant la réponse qu’on donnera à cette question, les textes papyrologiques pourront ou ne pourront pas servir à la connaissance de l’armée régulière, de son recrutement, de son commandement, etc. M. Lesquier est arrivé à la conclusion que les clérouques et les catoeques sont bien des soldats actifs, mais en disponibilité, « appartenant pour la plupart aux corps réguliers et aux corps indigènes, et dotés de tenures qu’ils cultivent, ou font cultiver, dans l’intervalle des campagnes et des appels. » Fondé sur l’étude directe des textes, en partie inédits, l’ouvrage de M. Lesquier comprend neuf chapitres : composition de l’armée, clérouques et épigones, organisation interne, recrutement, condition juridique des soldats, clérouchies, biens clérouchiques, marine et police, institutions ptolémaïques comparées à celles de l’Empire romain (on en a parfois exagéré les analogies). Suivent trois appendices : liste des clérouquies, liste des épigones, officiers et fonctionnaires militaires. Le livre se termine par d’excellents index. Pendant qu’il s’imprimait, les mêmes questions ont été abordées (en 70 pages) par M. Bouché-Leclercq, dans le t. IV et dernier de l’Histoire des Lagides ; les opinions de M. Lesquier diffèrent sur plusieurs points, de celles du savant maître qui a tant fait pour élucider l’histoire et les institutions de l’Égypte grecque. Ces divergences mêmes sont très instructives et donneront lieu à des discussions fécondes. M. Lesquier a enrichi notre littérature historique d’un livre excellent, d’un livre d’historien philologue.

S[alomon] R[einach]