Karl Woelcke. Beitraege zur Geschichte des Tropaions. Gr. ain-8^o, 111 p., 11 fig. 6 pl. Extrait des Bonner Jahrbuecher, Bonn, 1911.

  Cette dissertation appartient à l’importante série née de l’enseignement de G. Loeschcke à Bonn, qui nous a donné en 1910 les Antike Laternen de S. Loeschcke, en 1912 les Thymiateria de K. Wigand. Des questions complexes d’archéologie figurée y sont traitées avec une si grande richesse d’information et une si claire méthode d’exposition que ces travaux resteront fondamentaux chacun en sa matière.

  La dissertation de Woelcke ne m’a pas paru moins bonne que celles qui l’encadrent dans les Bonner Jahrbuecher. Ce n’est, d’ailleurs, pas une une [sic] histoire d’ensemble des trophées que l’auteur a prétendu nous donner, mais une série de contributions groupées autour de l’explication de cinq trophées intéressant Auguste (1). — 1. Deniers et antéfixes avec trophée naval, qui permettraient de reconstituer ceux qui comméroraient [sic], au temple de Mars Ultor, la victoire d’Actium et les succès sur les Gaulois en 13 av. Je penserais plutôt aux victoires navales de César en Gaule, soit celle sur les Venètes, qui a laissé ses traces au mausolée de Caecilia Metella, veuve du jeune Crassus qui y eut une part si glorieuse, soit celle sur les Marseillais et leurs alliés gaulois que commémorent les trophées nautiques de l’arc d’Orange. — 2. Une autre série d’acrotères avec Victoire tropaeophore, montée sur un globe qu’accostent deux Capricornes, dériverait d’un autre monument commémoratif d’Actium, celui qui fut placé par Auguste à la Curia Julia. (Ce monument aurait eu, je crois, pour prototype la Victoire élevée par Pyrrhus à Tarente après Héraclée [280] qui pouvait s’inspirer d’une création contemporaine du sculpteur Nikératos.) 3. La Victoire au trophée de la cuirasse de l’Auguste de Prima-Porta donne lieu à examiner les différentes façons dont une Victoire peut être mise en rapport avec un trophée ; l’Auguste lui-même a pu s’inspirer d’une œuvre pergaménienne représentant un des rois « galatoniques » élevant un trophée à la Victoire, œuvre dont je crois reconnaître la copie dans une peinture de Pompéi. ­— 4. Sur le Mars tropaeophore du temple de Mars Ultor: au lieu de placer avec W., au temple du Forum d’Auguste, d’abord le Mars imberbe vêtu du pagne romain primitif, puis le Mars barbu et armé à la grecque que font connaître des monnaies, des statuettes et un relief de Carthage, je ferais du Mavors l’idole du petit temple rond du Capitole, de l’Ares celui du grand temple du Forum. — ­5. Un aureus d’Auguste représente un trophée naval dans un temple : ce serait celui qu’éleva Agrippa après sa victoire sur Sextus Pompée. Deux autres lieutenants d’Auguste, P. Carisius vainqueur des Cantabres, Tibère vainqueur des Vindéliciens, ont laissé des images de leurs trophées sur les monnaies de cet empereur.  

  En dehors de certaines listes précieuses pour l’histoire des variétés de trophées, ce qu’il y a de plus utile dans ce mémoire sont les tableaux dressés pour l’étude du trophée sur les monnaies : monnaies autonomes de Grèce, Asie grecque et Grande Grèce, allant du milieu du IV^e au milieu du I^er s. av. J.-C. ; monnaies de la République romaine, également dans l’ordre chronologique, avec répertoire alphabétique pour les gentes, le tout illustré par plus de 100 pièces dont beaucoup tirées de la collection du D^r Haeberlin. Quant aux théories de l’auteur, il serait trop long de les discuter ici: je me permets de renvoyer à mon article Tropaeum du Dictionnaire des Antiquités.

A[dolphe] Reinac

(1) Ces cinq études sont malencontreusement allongées et quelque peu embrouillées par les nombreux excursus qui y sont intercalés. Ils portent sur les sujets suivants : P. 28, la stylis. P. 33, le carnyx. P. 25, le bouclier hexagonal. P. 59, le casque à cornes et à plumes. P. 65, les cuirasses historiées. P. 94, le casque à visière. P. 104, le bouclier ovale. — Pour carnyx et stylis, presque rien n’est ajouté aux art. du Dict. des Ant. qui n’est même pas cité ; pour les ex-voto qui ont rapport à la guerre, il suffisait de renvoyer à Rouse, Greek votive offerings. — L’impression est loin d’être toujours correcte.

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