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Schweitzer, Albert: Geschichte der Paulinischen Forschung. In-8, xii-197 p. (Tubingen, Mohr 1911) Recensione di Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 23 (4e série), 1914-1, p. 449-450 Site officiel de la Revue archéologique Link dell'edizione digitale di questo libro Numero di parole 716 parole Citazione della versione on line : Les comptes rendus HISTARA. Link: http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=872 Albert Schweitzer. Geschichte der Paulinischen Forschung. Tubingen, Mohr, 1911. In-8, xii-197 p.
Écrivant en 1910-1911, l’auteur n’a pu encore connaître la formule de M. Loisy: « Le mystère de la conversion de saint Paul, c’est sa conversion aux mystères » ; mais il était familiarisé avec le fond de cette doctrine par les écrits de Dieterich et de Reitzenstein, qu’il a résumés et discutés amplement. M. Schweitzer est absolument hostile à toute thèse qui cherche à expliquer le paulinisme par un afflux de mysticisme hellénique, fût-ce même de judaïsme hellénisé (1). Il repousse aussi tout rapprochement avec les idées religieuses des « primitifs ». A ses yeux, « le paulinisme est un système théologique avec des sacrements, mais ce n’est pas une religion à mystères » (p. 168). « Le paulinisme est un mysticisme eschatologique (2), qui s’exprime dans la langue religieuse des Grecs (3) » (p. 188). Ainsi, le vocabulaire paulinien, rapproché de celui des mystiques grecs, ne doit pas faire illusion sur ses sources profondes, qui ne sont pas helléniques, mais juives. Cette opinion est conforme à celle des critiques orthodoxes, ennemis naturels de la nouvelle école qui étend au paulinisme les résultats de l’étude comparée des religions. Mais il y a bien autre chose qu’une polémique dans le volume de M. Schweitzer : il y a le résumé et la discussion de toutes les théories qui ont été émises depuis la Réforme sur saint Paul, du moins en Allemagne et en France (l’auteur a laissé de côté la littérature anglo-américaine). M. Loisy a dit avec raison que M. Schweitzer excelle dans « la critique des critiques » ; en voici une preuve nouvelle. La lecture de ce livre est attachante et importante même pour l’étude des religions hellénistiques (4). S[alomon] R[einach]
(1) Les adversaires de Paul ne lui ont jamais reproché de « paganiser » l’Évangile (p. 62). Lui-même ne dit jamais à ses lecteurs grecs qu’il leur parle de choses déjà connues d’eux (p. 74). (2) Affinités avec l’apocalypse d’Esdras, p. 40. (3) L’auteur n’a pas encore publié le livre annoncé dans sa préface : Die Mystik des Apostels Paulus. — On aura beau parler d’apocalyptique et d’eschatologie, tant à propos des Évangiles que des épîtres pauliniennes, la question essentielle attendra toujours une solution : comment expliquer, si peu de temps après la prédication de Jésus, une prédication qui s’autorise de son nom et dont l’esprit est si radicalement différent ? Le premier à reconnaître cette contradiction fut F. Chr. Baur (1831). Le premier à distinguer une évolution dans la pensée paulinienne fut L. A. Sabatier (1870). Le premier à chercher dans le judaïsme du Ier siècle les origines du paulinisme fut Fr. Spitta (1885), suivi et dépassé par son élève Kabisch (1893). (4) P. 178 : « Les religions à mystères et le paulinisme ne se laissent pas même comparer ; le nombre des analogies véritables, tant dans la mystique que dans la doctrine sacramentelle, est incroyablement petit. » P. 181 ; « La solution du problème doit consister à faire complètement abstraction de ce qui est hellénique et à chercher exclusivement les sources de la doctrine de l’apôtre dans ce qui est juif et chrétien primitif [à savoir, la croyance à la messianité de Jésus, mort et ressuscité, et l’attente de sa parousie très prochaine]. » P. 189 ; « Il est très vraisemblable que saint Jean-Baptiste et le christianisme primitif ont créé des sacrements eschatologiques, que Paul n’a eu qu’à adopter comme accrédités et existants... Ce que dit Paul du baptême et de la Cène n’éveille pas l’impression qu’il en affirme pour la première fois l’efficacité, mais, au contraire, qu’il admet quelque chose qui est généralement reconnu de ses lecteurs. » P. 193 « Si les théologiens des générations suivantes, comme Ignace et Justin, ont ignoré Paul, cela tient à ce que les conditions qui donnèrent naissance à sa doctrine n’existaient plus pour eux ; c’est que l’intensité de l’attente eschatologique s’est atténuée à tel point que le mysticisme imposé par elle n’est plus valable pour eux. » On peut reprocher à l’auteur de se montrer singulièrement difficile sur le chapitre des rapprochements suggérés ; il trouve toujours, dans les ressemblances apparentes, des différences qu’il croit à tort essentielles. Mais je n’admets pas plus que lui (ni M. Loisy) un emprunt direct fait par Paul aux mystères païens qu’il put connaître, du moins par ouï-dire, à Tarse : il y a une source secondaire, un x antérieur.
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