Vernes, Maurice: Les emprunts de la Bible hébraïque au grec et au latin. In-8, 256 p.
(Paris, Leroux 1914)
Rezension von Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 24 (4e série), 1914-2, S. 171
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Maurice Vernes. Les emprunts de la Bible hébraïque au grec et au latin. Paris, Leroux, 1914. In-8, 256 p.


 

L’auteur propose 360 rapprochements entre le lexique hébraïque et le lexique gréco-latin, à l’effet de montrer que le premier a subi des influences occidentales et que l’hébreu biblique a fait de nombreux emprunts aux langues classiques – d’où ressortirait une preuve nouvelle et décisive de la modernité relative des livres de l’Ancien Testament.

« L’hébreu biblique n’est plus la plus ancienne des langues littéraires du bas­sin méditerranéen ; il ne nous offre que des documents de date plus basse que la littérature grecque, s’espaçant du VIIe au IIe siècle avant notre ère, tandis que la Grèce remonte au Xe siècle ».

Reste à savoir si les rapprochements institués justifient cette conclusion. Ne pouvant les examiner un à un, je me contente d’exprimer l’opinion qu’ils sont loin d’être probants dans leur ensemble et que la plupart me paraissent même dénués de toute vraisemblance. Exemples ; Abneth, ceinture, serait balteus ; baqbuq, cruche, serait βῖκος ; gob, fossse aux lions, serait cavea ; dégél, éten­dard, serait τάγμα ; dayèq, rempart, serait τεῖχος ; χokmâh, intelligence, serait γνώμη ; yâda῾, savoir, serait οἶδα ; yeqâhâh, obéissance, serait ἀκοή ; millâh, parole, erait [sic] λαλία ; ἕbrâh, colère, serait ὕβρις ; âh, crier, serait βοάω, etc. Dans ces étymologies, innocentes de tout scrupule phonétique, je ne puis voir, mal­gré mon respect pour l’auteur, que des illusions.

Renan pensait qu’un certain nombre d’emprunts avaient été faits par les Hébreux aux Philistins, qui parlaient une langue « pélasgique, inclinant tantôt vers l’hellénique, tantôt vers le latin. » De ce nombre serait mekèra, à rappro­cher de makhaira (épée). Mais il peut y avoir là des emprunts à une source commune, quelque langue asiatique encore ignorée ; ce peut aussi être un simple hasard, comme iroquois potomac, grec ποταμός ; latin habere, allemand haben, etc.

S[alomon] R[einach]