Bates, Oric: The Eastern Libyans. In-4, XXII-298 p., avec nombreuses gravures et cartes.
(Londres, Macmillan 1914)
Recensione di Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 24 (4e série), 1914-2, p. 348
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Oric Bates. The Eastern Libyans. Londres, Macmillan, 1914. In-4o, XXII-298 p., avec nombreuses gravures et cartes. Prix : 52 fr. 50.


 

 Ouvrage d’une grande importance, point de départ obligé de toute étude ultérieure sur les régions, encore peu connues, qui s’étendent à l’ouest de l’Egypte jusqu’au golfe de Gabès. L’auteur a parcouru lui-même ce pays ; il en connaît la langue ; il a lu tout ce qui a été écrit à ce sujet par les voyageurs, les linguistes, les archéologues. Successivement, il étudie la géographie physique de la Libye orientale, l’ethnographie, la langue et l’écriture, la vie économique, la vie sociale et le régime politique, le costume et l’ornement, l’art et l’industrie, la religion, l’histoire ; cinq appendices concernent les nécropoles libyques en Nubie, deux inscriptions de Gheytah dans le Delta (sémitiques, non pas grecques ou berbères), les traditions sur l’origine des Libyens, les mentions des Lubîm et Lehabîm dans la Bible, le type libyen sur le cratère d’Héraklès et Antée au Louvre. Il y a une excellente bibliographie et un index complet. La carte d’ensemble (dans le cartonnage du volume) est détaillée et à grande échelle ; l’illustration est très abondante. Toutefois, il est surprenant que, dans un ouvrage aussi cher, les dessins — je ne parle pas des clichés photogra­phiques — soient généralement si mauvais ; ce sont des croquis d’un écolier qui n’a jamais appris à tenir une plume. Mais ce n’est là qu’un détail d’exécu­tion dans un livre où il y a tant à apprendre et à louer.

Les Libyens ont surtout été des guerriers. Mercenaires au service de l’Egypte, ils se sont rendus maîtres de ce pays au temps de Sheshonq ; ils ont résisté à la conquête perse, pour devenir ensuite les auxiliaires les plus valeureux des Grands Rois ; ils ont servi avec éclat dans les armées carthaginoises ; leurs descendants actuels, superficiellement arabisés, tentent d’arrêter la conquête ita­lienne, jusqu’au jour où ils fourniront à l’Italie d’excellentes troupes coloniales. On a supposé depuis longtemps, et M. Bates est disposé à admettre, que ces Libyens étaient d’origine européenne ; mais ce qu’on sait de leur langue et de leur religion ne suffit pas à nous éclairer sur leurs affinités ethniques. M. Bates repousse, sans les discuter en détail, les théories récentes qui cherchent à mettre la langue des Berbères en relation avec le basque, l’étrusque ou le « pélasgique ». Ce qui paraît certain, c’est que des éléments berbères avaient pénétré dans la langue de l’Égypte dès l’époque la plus ancienne ; il n’y a pas seulement des emprunts de mots, mais des ressemblances grammaticales. M. Bates insiste avec raison sur l’intérêt que présenterait, à cet égard, une étude complète (elle est à peine commencée) des dialectes actuellement parlés dans l’est de la Libye.

S[alomon] R[einach]