Dunant, E.: Catalogue raisonné et illustré des séries gallo-romaines du Musée épigraphique cantonal de Genève. In-4, 209 p. et 168 clichés.
(Genève 1909)
Recensione di Waldemar Deonna, Revue Archéologique t. 14 (4e série), 1909-2, p. 169-170
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E. Dunant. Catalogue raisonné et illustré des séries gallo-romaines du Musée épigraphique cantonal de Genève, Genève, 1909, 4o, 209 p. et 168 clichés.


En 1854, Mommsen publiant les Inscriptiones confoederationis Helveticae, constatait l’état déplorable des collections épigraphiques de Genève, « l’état lamentable du Musée qui excite la risée et l’indignation des étrangers ». Bien qu’il date de plus de 50 ans, ce reproche est encore mérité. Le Musée épigraphique n’est qu’un hangar ouvert à tous les vents, dans un coin d’une cour humide de la Bibliothèque publique, où les pierres sont entassées pêle-mêle.

C’est dans ce fouillis qu’a travaillé M. E. Dunant, et c’est à sa patience que nous devons le Catalogue des inscriptions romaines trouvées à Genève et aux environs immédiats. Le manuscrit, que sa mort a laissé inachevé, a été revisé [sic] et complété par son père, M. le professeur P.-L. Dunant, et l’on ne peut que remercier celui-ci d’avoir voulu rendre ce dernier hommage à là mémoire de son fils, puisque nous obtenons ainsi un précieux recueil épigraphique de plus. Sans doute, les inscriptions décrites et commentées avec soin sont pour la plupart déjà connues, publiées entre autres par Mommsen (op. l.), et dans le C. I. L., XII ; toutefois, c’est le premier catalogue méthodique qui en ait été donné, d’une grande utilité pour l’histoire de Genève sous la domination romaine.

Je n’adresserai que de légères critiques au travail de M. Dunant. Je lui reprocherai de s’être borné, dans sa bibliographie, à renvoyer aux ouvrages d’auteurs locaux, et de n’avoir pas cherché dans les grands périodiques et les publications étrangères à Genève les mentions des inscriptions qu’il décrit (1). On sent là l’effet d’une érudition un peu trop locale, pas assez ouverte aux influences du dehors, comme c’est souvent le cas chez les savants de province. Les rapprochements sont inspirés uniquement par des objets similaires trouvés en Suisse, et cela même quand il s’agit de motifs courants de l’art romain (par ex. les griffons, p. 51, 188). Ce sont encore quelques puérilités : est-il besoin de nous dire (p. 71) que Vallinsae est le datif de Vallinsa, comme Vallensi de Vallensis?

Aux documents épigraphiques sont joints quelques fragments de sculpture et d’architecture. Mais ils ne valaient vraiment pas la peine d’être reproduits, car ils n’ont d’autre mérite que d’avoir été trouvés à Genève. Une simple mention suffisait. Là encore, le patriotisme archéologique conduit à prêter une grande valeur à dès fragments informes par la seule raison qu’ils ont été découverts dans le pays. Dire de pareils morceaux (p. 197) qu’ils sont « d’une sculpture très fine et très pure », est vouloir faire prendre des vessies pour des lanternes (2). Enfin, je constate avec regret l’absence d’un index des noms propres, nécessaire à toute publication épigraphique, si l’on veut qu’elle soit facilement utilisable.

W[aldemar] D[eonna]

(1) Les références bibliographiques pourront être complétées en plusieurs points. Au hasard de mes fiches, j’ajoute :

N° IV, p. 33. Morel, op. l., p. 540, note 1 ; Galiffe, Genève archéologique, p. 196, note 2 ; Saglio-Pottier, Dict. des Ant., s. v. Legio, p. 1084 ; Cumont, Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Mithra, II, p. 165, n° 506 ; I, p. 257, note 4, 267, note 4. Erreur de dire que le Genius loci mentionné dans cette inscription semble être Mithra (sur Mithra à Genève, Saglio-Pottier, s. v. Mithra, p. 1946 ; Cumont, op. l., l, p. 267) ; la dédicace est adressée à deux divinités distinctes (cf. Anzeiger für Schweiz. Altertumskunde, 1908, p. 228), à Mithra (deo invicto) et au Genius loci (cf. Saglio-Pottier, s. v. Genius, p. 1491). Du reste la formule Deus invictus n’était pas exclusivement réservée à Mithra (Cumont, op. l., I, p. 49), et M. Cumont dit seulement qu’elle est probablement mithriaque, ibid., p. 257, note 4.

N° XI, p. 40. Commentée tout au long par Thédenat, Saglio Pottier, s. v.

Cura, p. 1613 ; Morel, p. 552, note 5 ; Rev. arch., 1884, 1, p. 383-4.

N° XII, p. 42. Morel, p. 511, note 4 ; Saglio-Pottier, s. v. Ratiarus, p. 812.

N° XIII, Morel, p. 470, note 12.

N° XLIII, Galiffe, p. 196, note 2.

N° LVI, Mitt. Zurich., XV, 5, 1865, p. 215, n° 54 ; Mém. Soc. Hist., XV, p. 113.

N° LXII, Mommsen, n° 70.

N° LXXV. Rigaud, Renseignements sur les Beaux-Arts à Genève (2), p. 19.

(2) Les références manquent pour la plupart des objets, qui cependant ont été décrits par divers auteurs genevois. L’acrotère, p. 194, n° 48 a été mentionné par l’auteur même de cet ouvrage, dans l’Anzeiqer, 1898, p. 14 ; p. 158, chrisme, Blavignac, Histoire de l’architecture sacrée, pl. I, 3 ; p. 192, n° 46, ibid., pl. I, nos 1-2, p 12-3 ; p. 198, n° 55 : le personnage est Pan et non Priape, auquel ne conviennent pas, quoi qu’en dise l’auteur, les cornes très visibles sur la tête.