Arbois de Joubainville, H. d’: Táin bó Cúalnge. Enlèvement du taureau divin et des vaches de Cooley, la plus ancienne épopée de l’Europe occidentale. Deuxième livraison, avec la collaboration de M. E. Bibart. ln-8, p. 85-190.
(Paris, Champion 1909)
Recensione di Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 14 (4e série), 1909-2, p. 171-172
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Táin bó Cúalnge. Enlèvement du taureau divin et des vaches de Cooley, la plus ancienne épopée de l’Europe occidentale. Traduction par H. d’Arbois de Jubainville. Deuxième livraison, avec la collaboration de M. E. Bibart. Paris, Champion, 1909. ln-8, p. 85-190.


Cette seconde livraison d’une traduction longtemps désirée comprend les chapitres VIII-XX. Malgré l’ineptie foncière du texte, elle se lit avec grand intérêt, car elle soulève quantité de problèmes, en même temps qu’elle fournit des analogies curieuses à l’étude des littératures classiques. Nombre d’épisodes se terminent par une phrase comme celle-ci (p. 115) : « Alors Cûchulainn lança son petit javelot, cette arme atteignit Redg... « Ce bijou, dit Redg, nous est arrivé bien vite. » Et sur le gué son âme se sépara de son corps. En sorte que le gué s’appela depuis Gué du Rapide Bijou. Et le bronze du javelot fut jeté dans le cours d’eau qui, depuis, reçut le nom de Ruisseau de Bronze. » La Bible et les auteurs grecs et latins offrent beaucoup de passages analogues, d’où il ressort que bien des légendes sont des explications, d’ailleurs stupides, de désignations toponymiques. Voir, par exemple, Juges, XV, 17 : « Quand Samson eut achevé de parler, il jeta la mâchoire d’âne et nomma ce lieu-là Ramath-Léchi (la mâchoire jetée). Pressé par la soif, il pria Dieu qui fendit le rocher qui est à Léchi, et Samson but ; c’est pourquoi ce lieu a été appelé jusqu’à ce jour En-Hakkoré (la source de celui qui invoque »[)].  

L’armement des guerriers irlandais est disparate, parce qu’il y a des rédactions d’époques différentes. Je signalerai (p. 15) une épée enveloppée de toile (on en trouve à l’époque de Hallstatt) ; plus loin (p. 101) une épée à poignée d’ivoire (également de type hallstattien), une fibule d’argent (plus récente), un casque à crête « à quatre angles entre quatre surfaces planes » (type fort ancien), des chevaux cuirassés du front à la cheville des pieds (équipement postérieur à notre ère), etc. Ces deux dernières mentions se trouvent dans une « intercalation chrétienne» (p. 138), où il est question d’un manteau en plumes de corbeau fait par Simon le Druide (Simon magus) pour Darius (ou Néron), roi des Romains ; mais si je comprends quelque chose à la description du casque, elle s’applique à un modèle archaïque et que l’Irlande chrétienne ne connaissait plus.

S[alomon] R[einach]