Adélaïde Sargenton-Galichon. Sinaï, Ma’ân, Pétra. Avec lettre-préface du marquis de Vogüé. Paris, Lecoffre, 1904. In-8, xv-305 p., avec cartes et gravures. A travers le Haurân ; Excursion à Palmyre, Paris, Fischbacher, 1905. In-8, 88 p., avec gravures.

Une dame française — qui se dit grand’mère — est allée de Suez au Sinaï et à Pétra ; elle a parcouru le Haurân, vécu chez les Druses et visité Palmyre en passant par Homs. Ses relations, joliment illustrées et entremêlées de descriptions bien vues, se lisent avec plaisir ; mais la nouveauté de tout cela, c’est que l’autrice est familière avec la Revue Biblique, avec cette école dominicaine de Jérusalem dont le marquis de Vogüé, dans une préface, dit qu’elle est « destinée à rajeunir les études bibliques, à opérer, dans les esprits avides de vérité et de sincérité, la conciliation si nécessaire de la foi chrétienne et de la science historique. » Une dame, catholique et française, qui cite Hummelauer et Lagrange, c’est un progrès, c’est un signe des temps — d’aucuns diraient : des « infiltrations protestantes ». Constatons le progrès, sans trop demander à la fois. M^me Sargenton-Galichon est disposée à croire que la manne n’est pas tombée du ciel ; elle y est encouragée par le jésuite libéral Hummelauer ; c’est fort bien ; mais elle croit encore que 600.000 Israélites ont quitté l’Egypte sous Moïse, qu’ils ont passé quarante ans dans le désert, enfin que le roman de l’Exode est de l’histoire. Avant même d’aborder la Revue Biblique, elle aurait dû lire les admirables pages de Reuss sur l’Exode (La Bible, t. I, p. 80 et suiv.). Cela viendra. — P. 78 de l’ouvrage sur le Sinaï, il ne faudrait pas parler des mosaïques de Sainte-Sophie représentant Justinien et Théodora ; elles n’existent point.

S[alomon] R[einach]

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