Lauer, Ph.: Le Trésor du Sancta Sanctorum. 1 volume in-4° de 142 pages, avec 18 planches hors texte et 35 gravures dans le texte (Extrait du tome XV des Monuments Piot).
(Paris, Leroux 1906)
Reviewed by Paul Monceaux, Revue Archéologique t. 9 (4e série), 1907-1, p. 477-478
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Number of words: 564 words
 
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Ph. Lauer. — Le Trésor du Sancta Sanctorum, 1 volume in-4° de 142 pages, avec 18 planches hors texte et 35 gravures dans le texte. — Paris, Leroux, 1906 (Extrait du tome XV des Monuments Piot).


           On sait que la chapelle du Sancta Sanctorum est un reste du vieux palais de Latran. On l’entrevoit dans la pénombre, par une fenêtre grillagée, en haut de la Scala Santa. Au fond de la chapelle est un autel à portes de bronze, entouré d’une grille de fer cadenassée. Cette grille n’avait pas été ouverte depuis près de quatre siècles, depuis le pontificat de Léon X. On savait seulement, par le témoignage de Jean Diacre et par une liste du temps de Léon X, que l’autel devait renfermer un coffre de cyprès, rempli de reliquaires et autres objets précieux, placé là sous le pape Léon III, au début du IXe siècle. Des sceptiques prétendaient que le trésor avait depuis longtemps disparu. Cependant, en 1903, le R. P. Jubaru qui désirait examiner l’une des reliques, réussit à faire ouvrir la grille et l’autel : on y retrouva le coffre intact, avec tout son contenu. Cette nouvelle donna bon espoir aux archéologues. M. Lauer se mit en campagne ; il a été assez heureux pour dissiper tout le mystère, au grand profit de l’art. Il a pu étudier et photographier les objets conservés dans le coffre. Il nous apporte aujourd’hui le résultat de son enquête, dans un ouvrage très savant et très richement illustré, où les principaux monuments sont reproduits en d’admirables héliogravures. 

          Il décrit d’abord en détail la chapelle du Sancta Sanctorum : un charmant édifice carré, gothique du XIIIe siècle, orné de fresques, de mosaïques et d’arcatures trilobées à colonnettes torses (p. 6 ; pl. I-V). Il interroge ensuite les anciens Catalogues (p. 24). Enfin, il étudie l’arche de cyprès (p. 34), et toutes les merveilles qui y étaient contenues : croix reliquaires (p. 36), coffrets de métal (p. 56), ivoires (p. 80), cristal (p. 89), bois (p. 90), objets divers (p. 100), tissus (p. 103), authentiques de reliques (p. 121). Dans un dernier chapitre, l’auteur passe en revue une série d’objets trouvés dans les fenêtres grillagées au-dessus de l’autel (p. 131). Parmi les plus belles pièces, citons une croix d’émail cloisonné du VIe ou du VIIe siècle (pl. VI) et le coffret d’argent rectangulaire qui la renferme (pl. VII), une croix d’or gemmée dite « de la circoncision » et son coffret d’argent cruciforme (pl. VIII-IX), d’autres coffrets d’argent ou de cuivre (pl. X-XII), dont l’un rappelle la célèbre capsella d’Afrique étudiée par De Rossi (pl. XII, 3) ; de superbes ivoires sculptés (pl. XIII) ; des peintures byzantines sur bois (pl. XIV); de très curieux tissus de soie byzantins (pl. XV-XVIII). Plusieurs de ces objets sont de vrais chefs-d’œuvre, et prennent place parmi les plus belles productions de l’art byzantin ou roman. Signalons encore, entre les nombreuses inscriptions, les authentiques de reliques, qui s’échelonnent du VIe au XIIIe siècle, et qui marquent la transition entre les plus vieux documents de cette classe, notamment ceux d’Afrique, et les documents analogues du Moyen-Age. 

          La publication de M. Lauer présente un intérêt de premier ordre pour les archéologues comme pour les historiens de l’art. Le texte est très documenté, précis et sobre, digne enfin de la découverte et de l’illustration.

P[aul] M[onceaux]