Martroye, F.: Genséric. La conquête vandale en Afrique et la destruction de l’Empire d’Occident. 1 vol. in-8 de vii-392 pages.
(Paris, Hachette 1907)
Reviewed by Paul Monceaux, Revue Archéologique t. 9 (4e série), 1907-1, p. 478-479
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Number of words: 448 words
 
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F. Martroye. — Genséric. La conquête vandale en Afrique et la destruction de l’Empire d’Occident, 1 vol. in-8 de vii-392 pages. — Paris, Hachette, 1907.


           Dans l’enquête si intéressante et si féconde qui se poursuit depuis un demi-siècle sur l’histoire de l’Afrique punique, latine, byzantine ou arabe, l’une des périodes historiques avait été presque complètement négligée jusqu’ici : la période vandale. En dehors des travaux vieillis de Mannert (Leipzig, 1785), de Marcus (Paris, 1836), de Papencordt (Berlin, 1837), de Yanoski (Paris, 1844), nous n’avions sur cette période que le mémoire de Ludwig Schmidt (Geschichte der Wandalen, Leipzig, 1901), mémoire exact, mais trop sec. Aussi avons-nous plaisir à signaler la publication d’une étude méthodique et complète sur le fondateur du royaume vandale. 

          M. Martroye était bien préparé pour écrire cette histoire. Il avait publié naguère un savant livre sur L’Occident à l’époque byzantine, Goths et Vandales (Paris, 1904), et un intéressant mémoire intitulé Une tentative de révolution sociale en Afrique. Donatistes et circoncellions (Paris, 1904). Pour son nouveau travail, il n’a négligé aucune des sources, littéraires ou historiques, épigraphiques ou juridiques ; et il est bien au courant des recherches récentes qui touchent de près ou de loin à son sujet.

          Dans une longue Introduction, il étudie l’état de l’Afrique avant l’invasion des Vandales ; il montre comment la force de résistance du pays avait été affaiblie peu à peu, au cours du IVe siècle, par les guerres civiles, les révoltes des indigènes et l’éternelle querelle entre donatistes et catholiques. Puis, il suit en détail l’histoire de la conquête (chap. I), la politique extérieure de Genséric (chap. II), ses guerres contre l’Empire (chap. III), l’organisation de la conquête (chap. IV), enfin le gouvernement de Genséric (chap. V). Dans un Appendice (p. 383), il cherche à préciser la date de l’enquête du proconsul Ælianus, l’une des enquêtes qui entraînèrent au début la condamnation du donatisme. 

          En dehors même du récit des faits, qui est exact et net, le livre de M. Martroye présente un double intérêt historique. Il nous montre, d’abord, comment la conquête vandale fut l’une des causes déterminantes de la chute de l’Empire d’Occident. Il nous explique ensuite comment le royaume vandale a pu durer un siècle : c’est que le conquérant conserva l’organisation romaine. Cette organisation a permis aux barbares de se maintenir dans le pays, en dépit des retours offensifs des Romains, malgré les violences, les persécutions religieuses et l’hostilité des populations. C’est bien ce que l’on soupçonnait : mais la justesse de l’hypothèse est prouvée ici par l’exposé méthodique et impartial des faits.

          Il est à souhaiter maintenant que l’auteur ne s’arrête pas en chemin, et qu’il poursuive son histoire jusqu’à la fin de l’occupation vandale. Cette dernière période n’est pas moins intéressante ; et le règne de Thrasamond fait encore bonne figure à côté du règne de Genséric.

P[aul] M[onceaux]