Moret, A.: Le rituel du culte divin journalier en Egypte (Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’Études, t. XIV). Gr. in-8, iv-288 p., avec planches.
(Paris, Leroux 1902)
Reviewed by Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 1 (4e série), 1903-1, p. 96-97
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A. Moret. Le rituel du culte divin journalier en Egypte (Annales du Musée Guimet, Bibliothèque d’Études, t. XIV). Paris, Leroux, 1902. Gr. in-8, iv-288 p., avec planches.


          En 1859, Mariette commença le déblaiement du temple de Séti Ier à Abydos, dont la divinité principale était Osiris, le dieu des morts ; à son culte étaient associés Horus, Isis, Amon, Harmakhis, Phtah et Séti Ier lui-même. Le temple comprend sept salles parallèles consacrées à Osiris et aux six divinités parèdres. Toutes ces chambres sont ornées de tableaux et pourvues d’inscriptions, qui constituent un rituel du culte journalier. Le même rituel a été retrouvé en partie sur le papyrus n° 3055 du musée de Berlin, analysé en 1882 par M. O. von Lemm ; c’est un document thébain, qui concorde dans son ensemble avec celui du temple d’Abydos. D’autre part, les chapitres de ces textes sacrés se lisent, plus ou moins développés ou écourtés, sur les murs des temples d’autres époques ; il s’agit donc de rituels du culte divin en général, et non pas seulement de rituels locaux. Les formules et les gestes qu’ils énumèrent sont destinés à être dites et exécutés par le prêtre de service, qui est, théoriquement, le roi lui-même, mais qui est remplacé, dans la pratique, par le grand-prêtre. L’objet essentiel du culte était la statue du dieu, en bois doré, peint et incrusté de pierreries, avec membres articulés de telle sorte que la statue semblait mouvoir la tête, les bras et les jambes. Le culte de cette image, qu’on tirait d’une cachette pour les cérémonies, comportait les gestes reproduits sur les tableaux, accompagnés de formules souvent obscures qui ont été étudiées par M. Moret avec toutes les ressources d’une érudition ingénieuse. Le cérémonial comprenait les parties suivantes ; 1° Le roi purifiait le sanctuaire et se purifiait lui-même; 2° Il ouvrait le naos et se prosternait devant le dieu ; il prenait la statue dans ses bras pour lui rendre son âme ; 3° Le roi faisait la toilette de la statue ; 4° Il quittait le sanctuaire après avoir apposé le sceau d’argile sur les portes. — Le travail de M. Moret est accessible à d’autres qu’aux égyptologues et doit être vivement recommandé à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire des religions. A la p. 43, on habille le dieu d’une peau de bête. M. Moret admet et transcrit à ce sujet l’opinion de M. Lefébure ; « S’affubler d’une peau de victime a toujours paru un des plus sûrs moyens de s’approprier la vertu du sacrifice ». N’est-ce pas là une explication bien vague ? Le rapprochement avec certains usages totémistes paraît s’imposer avec évidence.

                                               S[alomon] R[einach]