Gregory, Gaspard-René: Textkritik des Neuen Testamentes, t. III. In-8, p. 990-1486.
(Leipzig, Hinrichs 1909)
Reviewed by Seymour de Ricci, Revue Archéologique t. 22 (4e série), 1913-2, p. 313-315
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Gregory (Gaspard-René). Textkritik des Neuen Testamentes, t. III. — Leipzig, Hinrichs, 1909. In-8, p. 990-1486 (12 mark).


          Les deux premiers volumes de cette œuvre monumentale, parus en 1900 et 1902, m’ont fourni l’occasion de dire aux lecteurs de la Revue archéologique (1) le bien que je pensais de M. Gregory et le profit que l’on pouvait tirer de son ouvrage.

          A cette époque on pouvait s’attendre d’instant en instant à voir paraître le troisième volume, dans lequel on devait trouver une étude sommaire des applications de la critique textuelle. Un gros événement est venu modifier les plans de M. Gregory : la grande entreprise de M. von Soden qui, grâce à une forte subvention particulière, a pu commencer à réunir des matériaux pour une édition critique du Nouveau Testament. En attendant la publication des résultats de ces nouvelles recherches, il était imprudent d’écrire un manuel de critique textuelle : M. Gregory s’est borné à une vingtaine de pages de généralités et a rempli le reste de son volume par 350 pages d’additions et une centaine de pages d’index.

          Tout d’abord il lui a fallu tenir compte des nouveaux numéros inventés par M. von Soden pour désigner les manuscrits. On sait que ce dernier a imaginé une algèbre spéciale, trouvant avec raison que le numérotage de Tischendorf était quelque peu capricieux. Au lieu de 1822 un manuscrit s’appellera Nλ26; au lieu de 607 il nous faudra écrire OΘδ11. Cela est peut-être plus scientifique, mais c’est à coup sûr beaucoup moins commode. Quand il s’agit d’une numérotation que tout le monde connaît depuis trente ans, il n’y faut toucher qu’avec une extrême prudence et dans des cas de nécessité absolue. Le résultat était à prévoir : beaucoup de théologiens continuent à citer les codices d’après les numéros de Tischendorf et de Gregory. Nous ne saurions affirmer qu’ils aient tort.

          Tischendorf désignait les manuscrits en onciale par les lettres de l’alphabet ; mais, leur nombre ayant considérablement augmenté à la suite de découvertes récentes, on avait vite épuisé les lettres grecques, romaines et même hébraïques : on arriva alors à des désignations comme Sapg ou Ob paul qui ne valaient guère mieux, au point de vue de la commodité, que l’algèbre de M. von Soden. Rompant avec ces encombrantes traditions, M, Gregory, dans ce dernier volume, a affecté aux manuscrits en onciale le coefficient O. Au lieu de Ib nous aurons O68 ; au lieu de X10 ce sera O96.

          De plus, et comme le proposait M. Kenyon, il y a une dizaine d’années, M, Gregory a formé une classe spéciale avec les papyrus qu’il désigne avec un X gothique, suivi d’un numéro d’ordre. Voilà une section qui est destinée à s’enrichir.

          M. Gregory ne s’est pas borné dans ce volume à de sèches énumérations : il a publié de nombreux fragments inédits ; nous allons, chemin faisant, en signaler quelques-uns au passage.

P. 1024. Deux pages inédites du palimpseste du British Museum.

P. 1027. Collation du ms. de Kosinitza aujourd’hui dans la bibliothèque de W. C. Braithwaite.  

P. 1042. Collation du ms. 44 du Pantokrator au mont Athos.

P. 1048 (O63). Fragments de Moscou.

P. 1061 (O76). Fragment ayant appartenu à feu Lord Amherst of Hackney et dont M. Gregory semble ignorer le sort actuel. Je puis le rassurer à cet égard : si la bibliothèque du cèlèbre [sic] bibliophile anglais a été en partie dispersée aux enchères (on a vendu environ onze cents volumes surplus de trente mille), si sa collection d’antiquités égyptiennes, la plus importante de toutes celles que possède un particulier, est demeurée intacte entre les mains de sa fille, la présente Lady Amherst of Hackney (plus connue en égyptologie sous le nom de Lady William Cecil), les papyrus ont quitté le château de Didlington Hall pour entrer chez Pierpont Morgan.

P. 1063 (O91). Fragment de S. Pétersbourg (CCLXXIX).

P. 1063 (O94). Fragment de Salonique.

P. 1066 (O105). Feuillets inédits de Vienne.

P. 1075 (O111). Parchemin du musée égyptien de Berlin.

P. 1078 (O120). Feuillet inédit du palimpseste Vat. gr. 2302.

P. 1081 et passim. Plusieurs feuillets de la Genizah de Damas.

P. 1145-1210. Liste de près de neuf cents manuscrits en minuscule du Nouveau Testament, s’ajoutant en grande partie à ceux décrits antérieurement par M. Gregory et portant le nombre de ces codices à 2.318. Pour atteindre ce total, il a fallu parcourir l’Athos et tout l’Orient chrétien, fouiller les couvents de Kosinitza et de Trébizonde, cataloguer les bibliothèques de Berat et de Megaspiléon, pousser même jusqu’au Sinaï. La liste des manuscrits liturgiques, aussi très augmentée, ne compte aujourd’hui pas moins de 1.559 numéros.

          Je ne suivrai pas M. Gregory sur le terrain des versions syriaques, coptes, éthiopiennes, etc. du Nouveau Testament. Le chapitre sur les traductions coptes est des plus incomplets. Quant à la liste des manuscrits latins, l’auteur lui-même ne la regarde que comme provisoire, bien qu’elle ne s’arrête qu’au n° 2472 (ce ms. d’ailleurs est fort bien décrit, avec une autre cote, à la p. 610 !).

          Quatre index terminent le volume : abréviations, personnes et choses citées, concordance avec les numéros de Soden et liste par possesseurs des manuscrits grecs. Le dernier index est des plus curieux. M. Gregory a décrit dans son ouvrage environ 4.000 codices grecs du Nouveau Testament : près de la moitié (1.800 environ) sont encore en place, soit en Grèce, soit dans l’Empire Ottoman. Il y en a près de 500 en Angleterre et environ 350 en France, presque tous à la Bibliothèque nationale. Aux États-Unis, M. Gregory en signale 36 et il est certainement incomplet. Il y en a deux à Auckland, aux Antipodes, mais on n’en connaît pas encore au Cap ni dans l’Amérique du Sud.

          Parmi les bibliothèques particulières qui en renferment, nous signalerons aux érudits les collections suivantes : aux États-Unis, Samuel B. Pratt à Buckland, Ch. L. Freer à Detroit et A. A. Benton à Foxburg (1) ; en Angleterre, les bibliothèques Amherst, Bate, Bute, Lewis, Braithwaite, Swete, Fenwick, Curzon, Herries, Leicester, Huth, Burdett-Coutts, Yates-Thompson, Peckover et Wordsworth; en France je ne trouve à citer que la collection Lesœuf (2), car je n’ose vraiment m’inscrire sur la liste pour un minuscule fragment en onciale, acheté par moi au Caire en mars 1905.

Seymour de Ricci

 

(1) Gregory, p. 1431 ; ce même collectionneur reparaît p. 1432 avec d’autres prénoms et une autre adresse.

(2) Gregory, p. 147. Rectifions sur quelques points l’histoire de ce manuscrit : il n’a pas été acheté en 1841 par Didot à la vente de Heninga, mais seulement en 1853 du libraire Edwin Tross (Catal. X, 1853, p. 13, n. 7940 et fasc.) ; il a figuré ensuite à la quatrième vente Didot (1882, p. 10, n. 3). La collection Lesœuf vient d’être donnée à l’Etat.