AA. VV.: Publications of the Princeton University Archaeological Expedition to Syria in 1904-1905. — Division II : Ancient Architecture in Syria. Division III : Greek and Latin Inscriptions. Section A. Southern Syria. Part. 2. Southern Hauran. Gr. 4°, p. 63 à 148, XIII-XXV, ill. 43-129 et p. 21 à 129, V-XXVIII.
(Leyden, E. J. Brill 1910)
Reviewed by Louis Jalabert, Revue Archéologique t. 20 (4e série), 1912-2, p. 437-439
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Number of words: 955 words
 
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Publications of the Princeton University Archaeological Expedition to Syria in 1904-1905. — Division II : Ancient Architecture in Syria, by H. C. Butler. Division III : Greek and Latin Inscriptions, by E. Littmann, D. Magie Jr. and D. R. Stuart. Section A. Southern Syria. Part. 2. Southern Hauran. Gr. 4°, p. 63 à 148, XIII-XXV, ill. 43-129 et p. 21 à 129, V-XXVIII. Leyden, E. J. Brill, 1910.


       Longtemps ajournée, la publication des monuments et des inscriptions du Hauran reprend son cours. Le gros fascicule qui inaugure cette reprise d’activité est consacré au canton méridional du Hauran, compris entre le désert, à l’est et au sud ; la voie romaine de Der’â à Xalkhad, au nord, et la ligne du Hedjaz, à l’ouest. Cette région, dont Umm idj-Djimâl (sera décrite dans le prochain fascicule) était la métropole, avait déjà reçu la visite de plusieurs explorateurs depuis Graham et Wetzstein ; mais jamais elle n’avait été fouillée avec autant de soin et de persévérance que par l’expédition américaine : elle n’y a pas visité moins de 71 localités. — Comme toujours, M. Butler s’est chargé des monuments et de leur architecture. Celle-ci est très variée, B. y a distingué cinq styles : préhistorique, nabatéen, romain, chrétien et arabe. L’époque préhistorique est représentée par des pyramides à degrés et des murailles massives, construites en galets non taillés ou en blocs à peine dégrossis. Quelques-uns de ces spécimens d’un art rudimentaire peuvent remonter aussi haut que les plus anciennes constructions cyclopéennes de l’Europe. Seraient-ce des restes des cités géantes de Basan ? L’époque nabatéenne commence peut-être à la fin du IIe s. av. J.-C. ou au début du Ier (la plus ancienne date dont on soit à peu près sûr serait 60 av. J.-C.) et se prolonge jusqu’au début du IIe siècle. L’époque romaine débute avec la formation de la province d’Arabie et se poursuit jusqu’à Constantin ; toutefois, on remarque qu’à la différence du Dj. Hauran plus romanisé, le district du sud a gardé à peu près intacts les procédés et le style indigènes. L’époque chrétienne, la plus richement représentée (surtout par des ruines du VIe s.), s’étend du second quart du IVe s. au début du VIIe. Enfin la période arabe va de l’hégire au moyen-âge.   

           Moins imposantes que les ruines du Dj. Hauran, les constructions de ce coin de la province d’Arabie comprennent à peu près exclusivement des forteresses, des églises, des couvents et des maisons. Les monuments relativement intacts y sont rares ; car l’appareil du bâtiment, souvent médiocre, était à la merci des tremblements de terre : une secousse et il ne reste de la plus belle maison qu’un amas de blocs de basalte.  

       M. B. décrit l’appareil de cette construction et les caractères de cette architecture, la plus lithique que l’on connaisse. Il insiste surtout sur les procédés de couverture et les revêtements. Depuis le livre de M. de Vogüé, on connaît ce genre de couverture (toitures ou plafonds) en dalles plates reposant sur une, deux ou trois rangées de corbeaux, superposés et engagés dans les murs qui permettent d’atteindre des portées de 5 mètres. S’agit-il de salles plus vastes encore, l’architecte a recours à un arc de division qui servira de support à des corbeaux faisant saillie des deux côtés, sur les deux extrémités desquels viendront s’appuyer des dalles de 2 à 3 mètres de long. La remarque la plus neuve concerne les revêtements. M. B. apporte la preuve que toutes les constructions du sud du Hauran étaient recouvertes de stuc, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Une, deux et trois couches de crépi, de plâtre et de fin stuc garnissaient uniformément les murailles, dissimulaient l’appareil peu soigné, noyaient les aspérités du grossier bossage, donnaient une courbe gracieuse de corniche aux corbeaux horizontaux, se profilaient en moulures et portaient une couche de peinture de nuances gaies (gris, vert, rouge foncé, bleu pâle, brun, jaune). Cette découverte change totalement notre conception de l’architecture du Hauran : au lieu de ces maisons rugueuses et bosselées, que nous imaginions d’après les ruines encore debout, nous entrevoyons de pimpantes villas.

         Parmi les monuments décrits par M. B., il faut citer deux temples — et peut-être un troisième, octogonal, — les forteresses de XXXXX il-Xallabât (voir l’appendice), XXXX il-XXXX, Dèr il-Kahf, les bains de Xammâm XX-Xarakh (cf. l’append.), une douzaine d’églises (dont deux basiliques doubles) ; de magnifiques monastères, surtout celui de Id-Dêr, qui serait le plus grand couvent du Hauran et que son plan régulier classerait premier parmi les monuments d’architecture monastique en Syrie ; enfin, de nombreuses tours et maisons.

          Pour la publication des inscriptions, MM. D. Magie Jr. et D. R. Stuart ont succédé à Littmann ; ils ont hérité de ses copies et y ajoutent les textes qu’ils ont relevés eux-mêmes en 1909. Des 214 inscriptions qu’ils publient (nos 17-231), un peu plus des trois quarts sont inédites. Sur le nombre, il n’y a que 8 textes latins (nos 17, 114, 205-208, 228, 229). Peu d’inscriptions officielles, quelques dédicaces de constructions militaires ou religieuses, quelques acclamations pieuses, le reste est funéraire. C’est dire que le profit est surtout pour l’onomastique gréco-arabe. Citons cependant un nouveau gouverneur de l’Arabie byzantine, Fl. Anastasius, 529 J.-C. (no 18) et surtout les 68 fragments d’un édit d’Anastase I (no 20). Ces fragments sont loin de former un tout complet : les commentateurs se sont donné beaucoup de peine pour les raccorder. Ils y ont reconnu un ensemble de dispositions analogues à celles que présente le décret du même empereur trouvé à Ptolémaïs de Cyrénaïque (Waddington, 1906 a). Il est à croire que des fouilles permettront de compléter ce texte très important pour l’histoire du limes byzantin. On notera le mot nouveau qui y apparaît, δηληγατεύειν au sens de deputare (frag. 10 et ailleurs). No 159, à propos de l’acclamation αὐξίτω, il faut signaler la nouvelle explication qu’en a suggérée M. Cumont (Comptes rendus de l’Acad., 1911, p. 294 n. 4).

         Un appendice sur la voie de Trajan, section Bosra-’Ammân, termine le fascicule : M. B. y décrit le tracé et les vestiges de la route, M. M. publie 21 milliaires dont 18 inédits.

L[ouis] Jalabert