Schrüfer-Kolb, Irene: Roman Iron Production in Britain. Technological and socio-economic landscape development along the Jurassic Ridge
(BAR [Brit. Ser. 380], Oxford 2004)
Reviewed by Michel Feugère, Instrumentum, 2004-21, p. 39
Site officiel de la revue Instrumentum
 
Number of words: 567 words
 
To quote the online version: Les comptes rendus HISTARA.
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Irene Schrüfer-Kolb : Roman Iron Production in Britain. Technological and socio-economic landscape development along the Jurassic Ridge, (BAR, Brit. Ser. 380), Oxford 2004


Malgré son titre, l’ouvrage de I. Schrüfer-Kolb englobe non seulement les sites de production de matière première (« iron smelting »), mais l’ensemble de la chaîne opératoire du fer : c’est dire que la sidérurgie proprement dite ne concerne qu’une partie réduite de la documentation utilisée, et que les ateliers secondaires (forges de fabrication d’objets ainsi que de réparation) en constituent la plus grande part. La « chaîne jurassique » est un massif naturel qui, au N et NW de Londres, prend en écharpe une dizaine de comtés, de l’Oxfordshire au North Lincolnshire. La richesse naturelle de ce relief en minerai de fer a conditionné l’implantation de centaines de mines et sites de production de fer, de l’Antiquité jusqu’à nos jours. Il s’agit donc d’un district minier important, dont l’étude ne peut s’envisager que sur la longue durée.

L’auteur admet que, dans les East Midlands comme dans d’autres régions d’Europe, la datation des sites repérés en surface par des rebuts métallurgiques demeure délicate. La taille des exploitations anciennes, la proximité avec des sites archéologiques, sont certes des indices à ne pas négliger, mais ils ne permettent pas à eux seuls de proposer une chronologie pour chaque exploitation. La liste des sites utilisés a donc été établie à partir des seuls gisements bien datés de l’époque romaine.

Après avoir rappelé les principes de la réduction directe et décrit les approches physico-chimiques de la paléométallurgie, l’auteur rappelle les formes d’extraction du minerai connues localement pour l’Antiquité (fosses ovales, puits…). En fonction de leur morphologie et de leurs rebuts, les différents types de fours fouillés à ce jour peuvent être attribués aux étapes successives de la fabrication du fer. Enfin, la proximité des habitats et des mines, souvent de l’ordre de quelques centaines de mètres, lui semble correspondre à une particularité régionale.

Comme il n’est pas toujours facile de distinguer, parmi les 228 sites étudiés, ceux qui relèvent de la réduction et ceux qui sont soit des ateliers de fabrication, soit des forges domestiques, on regrettera que la documentation n’ait pas été présentée de manière plus structurée. La distinction des étapes de la chaîne opératoire nous semble en effet, notamment dans une étude régionale, une priorité de la recherche comme de l’exposé. La cartographie thématique, apparemment issue d’un simple équipement GPS grand public (fig. 26-30 ; 31-39), est tout à fait insuffisante pour que l’on puisse apprécier les relations des sites entre eux et avec le contexte environnant. Les analyses effectuées sur des minerais et des scories de réduction, par exemple à Ridlington, confirment néanmoins la richesse naturelle des minerais régionaux (71 à 91% de Fe203), permettant un rendement tout à fait satisfaisant de 40 à 85%.

Afin de replacer le travail du fer dans son contexte social, l’auteur s’efforce de confronter la documentation régionale aux différents modèles de production artisanale, ainsi qu’à l’état des connaissances sur la production du fer dans les provinces romaines (chap. 8). Là encore, l’ambiguïté de l’expression « iron production », telle qu’elle est employée ici, ne facilite pas la clarté de l’exposé. De ce fait, la question de la production et de la commercialisation des produits semi-finis est totalement occultée, de même que toute tentative de quantification volumétrique des scories. On regrettera que ces imprécisions limitent la portée des analyses comme celles des comparaisons régionales ou externes. Les spécialistes de l’archéologie du fer trouveront néanmoins dans ce volume quantité d’informations utiles sur les sites des East Midlands où le travail du fer est attesté à l’époque romaine.