Gardner, Ernest A.: Six Greek Sculptors. In-8, xvi-260 p., avec 81 pl. hors texte.
(London, Duckworth 1910)
Reviewed by Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 15 (4e série), 1910-1, p. 308-309
Site officiel de la Revue archéologique
Link to the electronic edition of this book
 
Number of words: 440 words
 
To quote the online version: Les comptes rendus HISTARA.
Link: http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=261
 
 

Ernest A. Gardner. Six Greek Sculptors. London, Duckworth, 1910. In-8, xvi-260 p., avec 81 pl. hors texte.


 


L’ouvrage de M. Gardner comprend huit chapitres : le premier, consacré aux caractères généraux de l’art grec ; le second, aux œuvres archaïques ; les six suivants à Myron, Phidias, Polyclète, Praxitèle, Scopas, Lysippe et à la sculpture hellénistique. A ceux qui ont pratiqué l’excellent Handbook of Greek Sculpture de l’auteur (nouv. éd. 1907), le présent livre, d’une disposition assez singulière, n’apprendra rien de nouveau. Alors que l’histoire de l’art antique devrait s’émanciper le plus possible des liens imposés par la biographie des artistes, que nous connaissons d’ailleurs si mal, pour chercher d’abord et principalement à mettre en lumière la filiation des œuvres, M. Gardner en revient au type suranné des monographies, avec le résultat inévitable que les chefs-d’œuvre sans nom d’auteur restent en dehors de son cadre. Sur la Vénus de Milo, il y a juste trois mots, pas davantage. L’auteur vient de combattre l’opinion suivant laquelle les figures féminines à demi-vêtues seraient historiquement intermédiaires, comme elles le sont logiquement, entre les statues drapées et les statues sans voiles (p. 160). Au contraire, dit-il, cet arrangement de la draperie tombante, arrêtée par la saillie des hanches, montre une divinité sous un aspect particulièrement humain et n’appartient donc pas nécessairement à un type d’ancienne époque. « La persistance avec laquelle ce motif reparaît dans l’art postérieur, même dans des variantes comme l’Aphrodite de Melos ou la Victoire de Brescia, en atteste la popularité ». C’est tout ! Écrivant pour le très grand public, sans références, M. Gardner s’est dispensé de discuter les questions difficiles ; mais on le trouvera souvent trop expéditif, par exemple lorsqu’il déclare faire abstraction des tentatives de plusieurs savants pour dater les œuvres de Praxitèle. Il ne fait même pas allusion aux arguments, à mon avis sans réplique, qui obligent de placer l’Aphrodite de Cnide vers 350. De l’Aphrodite de Cos, une mention seulement, sans aucune allusion à la théorie qui veut y reconnaître l’original de la Genetrix. Rien non plus des caractères lysippéens de la Vénus de Médicis, présentée comme une imitation tardive de celle de Cnide ; rien sur les caractères non praxitéliens des Herculanaises, qui ne sont pas au nombre de deux, comme le dit M. G., mais de trois (p. 174). P. 30, pour la désignation de la figure conduisant un char dans le relief du trésor dit de Cnide, l’hésitation n’est plus possible depuis qu’on a lu nettement en dessous le nom Dionysos (Reisch, Wiener Eranos, 1909, p. 295).

S[alomon] R[einach]