Jullian, C.: Histoire de la Gaule. Tome III. La conquête romaine et les premières invasions germaniques. In-8, 607 p.
(Paris, Hachette 1909)
Reviewed by Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 15 (4e série), 1910-1, p. 311-312
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Number of words: 331 words
 
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C. Jullian. Histoire de la Gaule. Tome III. La conquête romaine et les premières invasions germaniques. Paris, Hachette, 1909. In-8, 607 p.


Il me semble qu’on pourrait dire, dans une Histoire universelle en cinquante pages : « Les Gaulois étaient divisés entre eux et menacés par les Germains. Ils appelèrent les Romains pour ces deux motifs. Les Romains trouvèrent la Gaule à leur gré et, après une longue guerre, la réduisirent en province ». Le péril germanique et la désunion, voilà, en effet, les deux causes profondes qui rendirent possible et même nécessaire, la romanisation de la Gaule. Le troisième volume du grand ouvrage de M. Jullian en raconte les étapes et les épisodes avec une sûreté de savoir, une pénétration et une éloquence qu’il est devenu fort superflu de louer. Ici, dans un organe consacré à l’archéologie, je veux signaler surtout ses minutieuses enquêtes sur la topographie comparée de la Gaule de Marius, de la Gaule de César ; des innombrables travaux consacrés à l’analyse des guerres, il a su retenir ce qui est définitivement acquis, éliminer ce qui est erroné ou hasardeux ; il a toujours fondé son jugement, ou la suspension de son jugement, sur une étude personnelle des localités et du relief du pays. Toutes ces enquêtes, toutes ces discussions n’alourdissent pas le texte, qui se lit comme de la « belle » littérature ; elles sont reléguées dans les notes, dont beaucoup, dans leur concision lucide, sont de véritables dissertations en raccourci. Désormais, partout où les légions romaines ont passé, ce livre indiquera aux érudits à la fois l’état, l’intérêt et le nœud des questions difficiles ; les progrès qui se feront ultérieurement se feront par lui. Nous avons attendu bien longtemps une histoire de la Gaule qui fût digne du passé d’un grand peuple ; nous l’avons aujourd’hui, telle que pas un écrivain étranger ne l’a écrite de son pays. Il y a là pour tous, et non seulement pour l’auteur, un motif de légitime fierté (1).

S[alomon] R[einach]

 

(1) On lira avec plaisir l’article que M. Bouché-Leclercq a écrit sur ce troisième volume (Revue critique, 1910, I, p. 203-207) ; c’est un beau morceau de synthèse.