R. Hertz. La prééminence de la main droite. Étude sur la polarité religieuse (extrait de la Revue philosophique). Paris, Alcan, 1909.

La prééminence de la main droite n’est pas, quoi qu’on en ait dit, l’effet pur et simple d’une asymétrie organique, mais « d’un impératif mi-esthétique, mi-moral », c’est-à-dire d’une vieille idée mystique. A l’antithèse fondamentale du profane et du sacré, cas particulier de la dichotomie qui domine les sociétés primitives, répond celle de la droite et de la gauche, que les Maoris appellent le côté de la vie et le côté de la mort, ou le côté mâle et le côté femelle (comparer la légende de la création d’Ève), Mais d’où vient la préférence religieuse donnée partout au côté droit ? Il faut bien, en dernière analyse, avoir recours à l’anatomie et je m’étonne que l’auteur de cet essai intéressant et plein d’idées n’ait pas conclu que le côté du cœur, le côté vulnérable par excellence, était, dans toute l’espèce humaine, le côté de la mort. Point n’est besoin d’être anatomiste pour sentir les battements du cœur sur la gauche de la cage thoracique et non sur la droite. Mais il n’y a là qu’une simple indication de la nature : la religion et la coutume ont fait le reste.        

S[alomon] R[einach]

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