Romain, Yvonne de: Les dieux éternels: Visions modernes de la Grèce antique. In-8, 324 p.
(Paris, Sansot 1911)
Reviewed by Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 19 (4e série), 1912-1, p. 180
Site officiel de la Revue archéologique
 
Number of words: 297 words
 
To quote the online version: Les comptes rendus HISTARA.
Link: http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=473
 
 

Yvonne de Romain, Les dieux éternels : Visions modernes de la Grèce antique. Paris, Sansot, 1911. In-8, 324 p.


Des six chapitres qui composent ce livre, trois sont consacrés à la Grèce de Louis Ménard, « le dernier fils d’Apollon ». Cet homme bizarre, à la fois savant et poète, est, en effet, trop oublié aujourd’hui ; il a écrit de très belles choses qu’il est bon de lire et de relire. Les autres chapitres sont intitulés ; La Grèce des archéologues, la Grèce des romanciers, les dernières visions de la Grèce. Ces « dernières visions » sont celles de MM. Ancey, Louis Bertrand, Gomez Carrillo et H. Sensine ; Mlle de Romain les caractérise sans vaine complaisance, et part en guerre, avec une fougue tout amazonienne, contre M. Louis Bertrand. La « Grèce des romanciers » est celle de Mme Bertheroy, de MM. Lichtenberger, Bruzon, Louys [sic], Anat. France. Il était assez difficile à une dame de parler de cette littérature où l’antiquité sert trop souvent de prétexte à des tableaux érotiques ; Mlle de Romain l’a fait courageusement (voir p. 239). Quel dommage qu’elle se laisse aller parfois au style des journaux ! « La tonalité sensuelle et poétique du roman s’annonce dans ces lignes de début » (p. 242) : « Il est vrai que M. Pierre Louys justifie son idéal en le teignant de philosophie et que la solidité de son érudition ne repose pas uniquement sur des terminologies » (p. 275). Mais l’autrice a du bon sens, alors même qu’elle n’en parle pas toujours le langage, et je trouve très juste ce qu’elle écrit (p.176) ; « Il arrive aux adorateurs de la Grèce de se rencontrer avec ses ennemis dans les mêmes parti pris. Ce jugement de M. Pierre Louys sur l’Hellade amoureuse est le jugement d’un moine des premiers siècles ». Idée juste qui revêt naturellement une tenue correcte et sobre ; bien écrire est souvent la récompense d’avoir bien pensé.

S[alomon] R[einach]