Marcel Laurent, Les ivoires prégothiques conservés en Belgique. Bruxelles, Vromant, 1912. In-8, 157 p., avec 47 planches et gravures.

Ce savant ouvrage est plus et mieux qu’un catalogue illustré ; l’auteur, parfaitement informé de tous les problèmes que soulève l’art chrétien des dix premiers siècles, a commenté les ivoires conservés en Belgique avec une sagacité et une sobriété dignes d’éloges. Comme il ne marche lui-même qu’à pas sûrs, il est sévère pour les affirmations sans preuves (p. 114) ; quel archéologue pourrait le lui repro­cher ? Les plus anciens ivoires des collections belges sont deux plaques de Tongres et de Bruxelles, représentant saint Paul et saint Pierre ; M. Laurent montre que ce sont des produits non des ateliers de Ravenne ou de Monza, mais de ceux d’Alexandrie, vers la fin du VIe siècle, et admet, avec Graeven, qu’ils ont servi à décorer une chaire épiscopale. Le second en date de ces ivoires est le feuillet de diptyque de Genoels-Elderen (Bruxelles), qu’on a considéré comme irlandais, anglo-saxon, mosan ou lombard ; M. Laurent prouve qu’il est étroitement apparenté à l’école de miniaturistes représentée par l’évangéliaire de Godescalc et, par suite, rhénan du VIIIe-IXe siècle. Je renonce à suivre l’auteur dans l’étude des autres monuments qu’il a si intelligemment décrits ; le peu que j’ai dit attestera aux connaisseurs le mérite de son travail et leur indi­quera la nécessité d’y recourir.

S[alomon] R[einach]

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