Huby, Joseph et al.: Christus, manuel d’histoire des religions. In-8, xx-1036 p.
(Paris, Beauchesne 1912)
Reviewed by Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 19 (4e série), 1912-1, p. 451-452
Site officiel de la Revue archéologique
Link to the electronic edition of this book
 
Number of words: 444 words
 
To quote the online version: Les comptes rendus HISTARA.
Link: http://histara.sorbonne.fr/ar.php?cr=549
 
 

Joseph Huby, S. J. (et d’autres). Christus, manuel d’histoire des religions. Paris, Beauchesne, 1912. In-8, xx-1036 p.


Encore un fils d’Orpheus un fils ennemi, bien entendu, mais qui lui rend hommage à sa manière en l’imi­tant. Quinze chapitres, rédigés par des spécialistes, sont consacrés à l’étude des religions, y compris les religions révélées. Les deux premiers concernent les religions en général et celles des populations de culture inférieure ; viennent ensuite les religions de la Chine, du Japon, des Perses, des Indous, des Grecs, des Romains, des Celtes, des Germains, des Egyptiens, des Babyloniens, l’Is­lam, le judaïsme et le christianisme (1). L’histoire de la religion chrétienne com­prend cinq sections : le Nouveau Testament, le christianisme et l’âme antique, le christianisme du moyen âge, le christianisme de la Renaissance à la Révo­lution, le catholicisme au XIXe siècle. Il y a d’amples bibliographies (souvent partiales) et un index de 20 pages, où l’on a très justement imité celui d’Or­pheus en signalant les renvois essentiels par l’emploi de caractères gras. Cet index permet de constater des choses étranges. Le nom même des Mormons ne s’y trouve pas, alors qu’il est pourtant curieux de voir naître une religion pour apprendre comment telles de ses aînées sont venues au monde. Un seul renvoi à Inquisition (p. 867), et ce renvoi vise une note qu’on voudrait entièrement transcrire, pour montrer comment on ne doit pas altérer l’histoire. Le bon Torquemada n’est nommé nulle part, pas plus que le premier inquisiteur de France, Robert le Bulgare. Giordano Bruno est mentionné p. 896, mais simple­ment qualifié d’« aventureux » ; on ne dit pas comment finirent ses aventures, non plus que celles de Jean Huss et de Jeanne d’Arc. Les sorciers et sorcières ne sont pas moins totalement ignorés ; Coligny et la journée du 24 août 1572 sont rayés de l’histoire des religions, que cet homme et cette affaire ne concernent pas (mais il est question de la Terreur, p. 940). Le livre du H. P. Huby a été imprimé avec deux approbations ; je crains que celle du patriarche Job lui manque, s’il est vrai qu’il ait dit les mots que lui prête l’Écriture et que le pape Léon XIII aimait à citer : Dieu a-t-il besoin de vos dissimulations (2) ?

S[alomon] R[einach

 

(1) Cet ordre est bien singulier ; les Égyptiens après les Germains !

(2) Job est moins poli dans la Vulgate : il dit vestro mendacio. — Le chapitre le plus faible est celui qui concerne les populations de culture inférieure ; c’est un bavardage superficiel et tendancieux. Le chapitre sur la religion des Grecs est insuffisant et m’a semblé confus.