Pottier, Edmond - Morgan, J. de - Mecquenem, R. de: Délégation en Perse. Mémoires, tome XIII. Céramique peinte à Suse et petits monuments de l’époque archaïque. In-4, vii-168 p., avec 44 planches et de nombreuses figures dans le texte.
(Paris, Leroux 1912)
Reviewed by Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 20 (4e série), 1912-2, p. 183
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Number of words: 370 words
 
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Délégation en Perse. Mémoires, tome XIII. E. Pottier, J. de Morgan et R. de Mecquenem. Céramique peinte à Suse et petits monuments de l’époque archaïque. Paris, Leroux, 1912. In-4, vii-168 p., avec 44 planches et de nombreuses figures dans le texte.


        L’importance scientifique de ce volume ne peut être mise en lumière dans un compte-rendu : disons seulement qu’il sera le point de départ de toute une littérature, la pierre angulaire d’un édifice. C’est qu’il nous apprend, avec une documentation graphique très abondante, des faits non seulement inconnus, mais imprévus. Cette céramique protoélamite, recueillie à une grande profondeur sous l’acropole de Suse ou plutôt les deux facies successifs de cette céramique, depuis les environs de l’an 3.000 avant notre ère, sont une révélation pour l’archéologie et contredisent beaucoup de notions reçues. Quelle est l’origine de la civilisation protoélamite? Est-elle transcaspienne ou proto-égyptienne? On ne peut le dire ; mais M. Pottier a donné des raisons pour faire de l’Elam le centre primitif d’où auraient rayonné les Elamites et les Sumériens. « L’art proto-élamite, qui entre en scène avec une céramique incomparable, est antérieur aux plus anciens monuments sumériens qui nous aient été conservés. Il se présente donc comme un facteur essentiel dans l’histoire des origines de la civilisation orientale » (p. 103).

          Le problème de l’extension des influences venues de la Haute Asie vers l’Europe (p. 85) se pose désormais en termes nouveaux. « On ne peut manquer d’être frappé des très nombreux rapprochements à faire entre les détails du décor mycéno-crétois, d’une part, du décor élamite ou chaldéen de l’autre » (p. 88). « Dans l’écriture crétoise, plusieurs signes semblent empruntés à un alphabet asianique dont la source serait voisine de l’Elam » (p. 90). La part d’originalité et d’invention attribuée aux Egéens doit être réduite au profit de l’Elam. « Par cette voie d’Asie Mineure [les Hittites], le monde égéen a connu les formules décoratives de l’Asie centrale » (p. 91). M. Pottier a insisté, à ce sujet, sur l’idée de la cooptation, expression qu’il préfère à celle d’emprunt ou d’imitation : « Une région adopte la formule créée par une autre, mais pour la transformer et la faire servir à ses propres idées » (p. 92). Cet excellent volume n’est pas seulement archéologique et historique ; c’est une contribution à la philosophie de l’histoire.

S[alomon] R[einach]