Delisle, Léopold: Lettres de Léopold Delisle à M. le chanoine Ulysse Chevalier. In-8, 168 p.
(Valence 1912)
Reviewed by Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 20 (4e série), 1912-2, p. 318-319
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Number of words: 654 words
 
To quote the online version: Les comptes rendus HISTARA.
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Lettres de Léopold Delisle à M. le chanoine Ulysse Chevalier. Valence, 1912, in-8, 168 p.


 


Correspondance précieuse, du moins pour ceux qui seraient disposés à dire de Delisle comme de Scaliger : Delilli vel litteram perire nefas puto. Voici quelques passages qui m’ont particulièrement frappé. P. 6, sur la Patrologie de Migne : « Une collection dont se servent si souvent même les savants qui en disent le plus de mal ». — P. 77 (à propos du Répertoire de l’abbé Chevalier) : « La moindre déception fait oublier à des esprits mal faits le profit qu’on a retiré nombre de fois en consultant des livres tels que les  vôtres. » — ­P. 79 : « Je vous écris ces lignes en un jour où les amis de la bibliographie doivent prendre le deuil. Ce matin, nous avons rendu les derniers devoirs à cet excellent Thierry, que j’aimais comme un frère. Il avait rendu les services les plus signalés à la Bibliothèque nationale et à tous les savants qui ont travaillé chez nous depuis une vingtaine d’années. Sa mort arrivant peu de mois après celle de Julien Havet, je me trouve dans un cruel embarras pour organiser le service au département des imprimés. » — P. 97 : « Baluze s’est approprié ce qu’il avait fait demander par Colbert. Cette manœuvre peu délicate était assez habituelle chez Baluze. J’ignorais comment les chartes d’Arles étaient arrivées dans les collections de Baluze. Vous nous l’apprendrez. Les fraudes finissent toujours par se découvrir ». — P. 103 ; « M. de Mély a rendu compte de votre Suaire dans la Revue critique. Il ne sait pas que rien ne vous a échappé et qu’il ne reste rien à découvrir. » — P. 105 : « Je commence par vous accuser réception de votre petit écrit sur le Suaire de Turin. L’attaque à laquelle vous répondez ne méritait peut-être pas une riposte ; mais cela nous a donné l’occasion d’exposer des principes qu’il est bon de voir proclamés par un homme tel que vous. Vous l’avez fait, ce me semble, avec beaucoup de tact et sans abuser des moyens que vous aviez d’écraser votre adversaire. » — P. 124 ; « J’ai beaucoup de confiance en Ch. de Beaurepaire. C’est le modèle des archivistes et voilà 56 ans que la plus tendre amitié nous unit. » — P. 129 : « Mgr Duchesne m’a dit que la théorie de M. Vignon (sur l’authenticité du Suaire de Turin) n’a été en aucune façon goûtée à Rome. Quant à votre dissertation sur l’abjuration de Jeanne d’Arc, il me semble que vous vous êtes autant approché du vraisemblable qu’on peut le faire avec les textes qui sont à notre disposition. Il me semble difficile de ne pas admettre qu’il y a eu deux formules, et que la Pucelle n’a connu que la plus courte. » — P. 146 : « La mort de M. Wallon m’attriste. C’est un des protecteurs qui m’ont ouvert la voie il y a 54 ans et je le vénérais comme un père. » — P. 148 : « (Mme Delisle) consentait à passer pour mon secrétaire, mais elle ne voulait pas être qualifiée de collaborateur ; et cependant elle l’a été dans toute la force du terme ; j’ai dû signer plus d’un article dont elle était réellement l’auteur. » — P. 153 : « J’ai vu avec la plus vive satisfaction l’effet que votre publication sur la légende de Lorette a produit dans le monde dont nous apprécions les suffrages. Il ne peut y avoir qu’une voix sur la netteté de votre discussion et sur la modération apportée à combattre des opinions qui ne méritaient peut-être pas d’être l’objet d’un examen aussi approfondi que vous l’avez fait. Vous avez fait trop d’honneur à des livres et des livrets qui auraient pu être englobés dans un etc. » — P. 155 (31 janvier 1907) : « Je voudrais croire que vous n’êtes pas personnellement atteint par les tristes événements auxquels nous assistons. Je suis navré en pensant au sort de nombre de prêtres studieux..[.] Nous voilà revenus aux mauvais jours de la Révolution ! »

S[alomon] R[einach]