G. Maspero. Egypte (Collection Ars Una). Paris, Hachette, 1912. In-8, xii-326 p., avec 565 figures et 4 planches en couleurs.

L’art égyptien n’a pas cherché la beauté pour elle-même ; il fut, à l’origine, un des moyens dont usa la religion pour prolonger la vie, pour offrir des supports durables à l’âme divine comme aux doubles humains. D’abord réaliste, puisqu’il visait à conserver, il devint idéaliste pour embellir ; c’est pour cela que les statues de vieillards sont rares. Ainsi « le besoin de l’utile détermina dans la sculpture égyptienne cette union de l’idéalisme hiératique avec le réalisme à laquelle elle doit son charme le plus personnel. » La peinture, à cause de sa fragilité, resta la servante de la sculpture et de l’architecture, même lorsque la croyance cessa d’enchainer le double aux lieux où reposait son corps. « La fatalité de l’utile » continua à peser sur le peintre, « alors qu’elle n’avait plus de raison d’être depuis longtemps. » On peut dire cependant que la peinture joua un rôle de plus en plus considérable à mesure que déclina l’antique conception artistique des Égyptiens (p. 275).

Nous avons ici, pour la première fois, l’histoire de l’art égyptien pendant quarante siècles, « l’histoire d’un art éteint aussi complètement que le sont les races de monstres rencontrées dans les couches profondes de notre globe. » Car l’art égyptien est mort tout entier avec la religion de l’Egypte ; raidi par la routine, il ne put s’adapter à l’esprit nouveau : « Comment le Christ se serait-­il trouvé à l’aise, dans ces temples écrasants et sombres où chaque ligne, chaque motif de décor, chaque accessoire de mobilier lui aurait rappelé avec persistance des dogmes ou des pratiques qu’il réprouvait? »

Texte, illustrations, bibliographies, index, tout est digne de l’auteur.

S[alomon] R[einach]

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