Murray, Gilbert: Four stages of Greek religion. In-8, 225 p.
(New-York, Columbia University Press 1912)
Reviewed by Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 21 (4e série), 1913-1, p. 125-126
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Number of words: 303 words
 
To quote the online version: Les comptes rendus HISTARA.
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Gilbert Murray. Four stages of Greek religion. New-York, Columbia University Press, 1912. In-8, 225 p.


 

Ce volume plein d’esprit — comment ferait l’auteur pour n’être pas spirituel ? — comprend cinq chapitres : 1° Saturnia Regna ; 2° la conquête olympienne ; 3° l’affaissement nerveux (the failure of nerve) ; 4° la dernière protestation (le traité de Salluste sur les dieux) ; 5° une traduction dudit traité περὶ θεῶν καὶ κόσμου. — M. Gilbert Murray est, en première ligne, un helléniste et un historien de la littérature grecque, quelque chose comme le Wilamowitz anglais ; mais, sous l’influence d’Andrew Lang et de Jane Harrison, il s’est tourné, depuis plusieurs années déjà, vers la mythologie et les nouvelles méthodes qui l’ont vivifiée. « C’était un territoire désert ; maintenant, c’est devenu un champ de bataille », écrit-il très justement (p. 6). Le plus original des mémoires réunis ici est peut-être le troisième, dont le titre déjà est une trouvaille. M. G. Murray explique qu’il le doit à une convervation [sic] avec le savant professeur Bury. « Nous discutions sur les changements qui se sont produits dans la pensée grecque entre Platon et les néo-platoniciens, ou même entre Aristote et Posidonius, et qui s’accusent plus nettement qu’ailleurs dans le gnosticisme. J’avais appelé cela une montée d’ascétisme, ou de mysticisme, ou de passion religieuse, quand mon ami me corrigea : Ce n’est pas, dit-il, une montée, c’est une descente, l’affaiblissement de quelque chose, une sorte d’affaissement nerveux. » Comme cela est vrai, et combien je suis heureux de retrouver là, sous une forme infiniment vivante et attrayante, la confirmation de la thèse que j’ai soutenue souvent sur la contamination inévitable des minorités très civilisées, mais peu soucieuses d’éclairer les majorités, par l’influence croissante de celles-ci, qui réclament leur place au soleil de la pensée commune et la conquièrent toujours aux dépens de la raison (1) !

S[alomon] R[einach]

 

(1) Cf. Cultes, t. II, p. xvi et suiv.