Windisch, E.: Das Keltische Brittannien bis zu Kaiser Arthur. Tome XXIX des Abhandlungen de Saxe. In-8, 299 p.
(Leipzig, Teubner 1912)
Reviewed by Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 21 (4e série), 1913-1, p. 135-136
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E. Windisch. Das Keltische Brittannien bis zu Kaiser Arthur. Tome XXIX des Abhandlungen de Saxe. Leipzig, Teubner, 1912. In-8, 299 p.


Excellent volume, cedro linendum (1), qui reprend et complète, à la lumière des recherches les plus récentes, ce que l’auteur avait esquissé dans son célèbre article Keltische Sprachen de l’Encyclopédie d’Ersch et Gruber. La partie la plus importante et la plus personnelle concerne le haut moyen âge, en particulier la légende arthurienne ; mais tout ce qui précède, depuis la conquête de la Bretagne par César, témoigne aussi d’un soin diligent, d’une connaissance étendue des matériaux historiques, linguistiques et même archéologiques. J’écris « et même », car on ne s’improvise par archéologue ; dans les pages qu’il a consacrées à la mythologie figurée des Celtes, M. Windisch trahit quelque incertitude dans l’emploi des monuments, dont il a une connaissance trop récente et parfois trop peu directe. Mais alors même qu’il ne se sent pas tout à fait à l’aise, sur un terrain qui lui est d’ailleurs familier par les textes, il y a toujours profit à tirer de sa critique. Voici ses conclusions sur la question difficile posée par le cycle d’Arthur : « La figure d’Arthur est née des luttes historiques des Bretons contre les Saxons ; le fond du tableau est la domination des empereurs romains en Bretagne. Les poètes ont créé un lien poétique entre Arthur et les empereurs. Je ne puis trouver, dans les textes cymriques, la preuve que Charlemagne et Guillaume le Conquérant aient aussi fourni des éléments de la légende... Sûrement avant Crestien de Troyes et avant Galfred de Monmouth, Arthur était devenu un grand empereur victorieux dans l’imagination des Celtes, et cela d’après des réalités historiques... Par l’invention poétique de belles années de paix, succédant aux victoires d’Arthur, j’ai tenté d’expliquer son caractère non politique et quiescent dans les fables romanes qui le concernent. J’attribue une valeur particulière à cette explication. Si l’on cherche à caractériser d’une manière générale ces récits arthuriens, on s’aperçoit que leurs éléments se divisent en deux groupes : d’une part, des incidents comme il s’en trouve toujours dans la vie chevaleresque et guerrière de l’ancien temps ; d’autre part, des aventures qui participent au caractère de contes. Ces dernières ont leurs racines dans la mythologie celtique. J’ai essayé de montrer comment la vieille mythologie celtique s’y est continuée et transformée. Avec les dernières survivances du monde divin des Celtes se sont fondus des héros purement humains ».

S[alomon] R[einach]

 

(1) Il faudra bien le faire relier, car les feuillets ne sont pas cousus. Il n’y a plus que les libraires allemands pour nous vendre ainsi des livres en feuilles ; quelques critiques allemands protestent, mais on ne les écoute pas.