Blinkenberg, Chr.: La Chronique du temple lindien (extr. du Bull. de l’Acad. royale, 1912, n. 5 et 6). In-8, p. 317-457.
(Copenhague 1912)
Reviewed by Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 21 (4e série), 1913-1, p. 259-260
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Chr. Blinkenberg. La Chronique du temple lindien. Copenhague, 1912, (extr. du Bull. de l’Acad. royale, 1912, n. 5 et 6). In-8, p. 317­-457.


Au mois de mars 1904 la mission danoise découvrit à Lindos, auprès d’une vieille église, un dallage comprenant cinq stèles, dont trois contiennent le catalogue des prêtres d’Athéna Lindia de 170 av. J.-C., jusqu’en l’an 47 de notre ère. Une autre est un fragment d’un catalogue semblable plus ancien ; enfin, la plus importante est la « chronique du temple. » C’est un document très considérable (15.000 lettres), des environs de l’an 100 av. J.-C. qui donne des informations curieuses sur l’histoire du temple d’Athéna. Voici quelques faits nouveaux. Des Lindiens, sous la conduite des fils de Paukis, ont participé à la colonisation de Cyrène vers 570 (1). La flotte perse, en 490, fit halte à Rhodes : Cadmos offrit au sanctuaire un lèbès de bronze portant une inscription phénicienne (φοινικικοῖς γράμμασιν ἐπιγεγραμμένον). Rhésos, le Thrace, offrit un vase d’or, Hélène une paire de bracelets, Mérionès un carquois. Plus loin : « Des tribus, chacune a offert une tablette très ancienne, où est peint le phylarque avec neuf coureurs, tous de types archaïques (πάντες ἀρχαικῶς ἔχοντες τοῖς σχήμασι) avec des inscriptions indiquant le nom de chacun, etc. » (cf. Paus., V, 17, 10). Parmi les objets d’art cités, relevons un Palladion en bois, avec tête, mains et pieds d’ivoire ; une Gorgone, le corps en bois de cyprès, le visage en marbre ; une vache et son veau, groupe de bois ; deux statuettes égyptiennes en or, portant des inscriptions en caractères grecs et en hiéroglyphes ; un cratère offert par Phalaris, tyran d’Agrigente, portant d’un côté une Titanomachie, de l’autre Kronos recevant ses enfants et les avalant (motif très rare) ; un torques (στρεπτός) dédié par un général perse, etc. Bien entendu, la plupart de ces objets n’existaient plus au début du Ier siècle av. notre ère ; le chroniqueur, Timachidas, qui n’était pas inconnu, les énumère d’après des sources anciennes, en partie plus que suspectes. Ce Timachidas parait avoir été un pédant fort crédule, imitateur de Polémon et s’intéressant, comme lui, aux ἀναθήματα ; il a voulu faire pour l’acropole de Lindos ce que Polémon avait fait pour celle d’Athènes. Le texte allègue des auteurs connus ou inconnus et donne les titres de leurs ouvrages, par exemple « Ailouros dans son livre sur la guerre contre les Exagiades » ; on ne savait rien de cet auteur ni de cette guerre. La « chronique du temple » tient en réserve beaucoup de travail pour les philologues ; M. Blinkenberg leur a frayé la voie avec une érudition très étendue. Son mémoire de 140 p. représente plus d’efforts et de difficultés vaincues que maints volumes d’archéologie figurée.

S[alomon] R[einach]

 

(1) Fait entrevu dès 1891 par Barclay Head, qui se fondait sur une monnaie de Cyrène où le silphium paraît à côté de la tête de lion de Lindos.