Boule, Marc: L’homme fossile de la Chapelle-aux-Saints. In-4°, 275 p., avec 16 pl. et nombreuses figures.
(Paris, Masson 1913)
Reviewed by Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 22 (4e série), 1913-2, p. 143
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Marc. Boule. L’homme fossile de la Chapelle-aux-Saints, Paris, Masson, 1913. In-4°, 275 p., avec 16 pl. et nombreuses figures.


Le squelette humain de la Chapelle-aux-Saints (Corrèze) a été découvert en 1908 dans des conditions irréprochables de conservation et de gisement ; c’est le seul exemplaire à peu près complet de l’homme quaternaire moyen (moustérien), dont les découvertes antérieures de Néanderthal, de Spy, de Krapina etc., n’avaient livré que des fragments (1). Il est désormais hors de doute: 1° que l’homo neanderthalensis représente un type autrefois répandu sur une grande partie de l’Europe ; 2° qu’à ce type a succédé celui de l’homme de Cro-Magnon (aurignacien), qui est déjà celui de l’homme actuel ; 3° que l’homo n. est un véritable fossile, en ce sens qu’il n’existe plus de représentants de ce type, pas plus qu’il n’existe de mammouths. Une trouvaille récente, faite en Angleterre à Piltdown (1913), venant à l’appui de celle de Schœtensack à Mauer près Heidelberg (1907), semble établir qu’antérieurement à l’homo n., à l’époque de Saint-Acheul, il existait, dans l’Europe occidentale, un type crânien supérieur à celui-là, plus voisin de l’homo sapiens et qui peut être l’ancêtre de l’homme de Cro-Magnon (2). Quant à la parenté possible de l’homo n. avec les singes, M. Boule se contente de dire, après avoir mis en évidence les caractères du crâne de la Chapelle : « Ces caractères rapprochent morphologiquement nos hommes fossiles du pléistocène moyen des singes anthropoïdes; on peut donc les qualifier de simiens ou de pithécoïdes ». Les historiens de la civilisation noteront ces lignes prudentes et se garderont d’être plus affirmatifs qu’un spécialiste.

S[alomon] R[einach]

 

(1) Beaucoup de trouvailles fragmentaires, dont les conditions sont mal établies, doivent être considérées comme non avenues. Ainsi M. Boule écrit (p. 210) : « Je ne m’arrêterai aux squelettes des alluvions de Clichy (1868) et de Grenelle (1870) que pour signaler la témérité des anthropologistes qui ont tenté récemment de prouver leur antiquité géologique ». A l’index, s. v. Grenelle, lire 210 et non 212.

(2) J’ai toujours soutenu à l’exemple de Dupont, que l’outillage solutréen ne se conçoit que comme une survivance de l’outillage acheuléen ; le moustérien s’intercale entre ces deux types comme une période de décadence et de misère, due à de mauvaises conditions climatériques. Mais le type moustérien est lui-même une survivance, puisqu’on l’a trouvé récemment, en Espagne, au-dessous d’un niveau acheuléen.