Em. de Stoop. Essai sur la diffusion du manichéisme dans l’Empire romain. Gand, Goethem, 1909. In-8, viii-152 p.

Ce solide mémoire est sorti du séminaire de M. Franz Cumont, qui prépare lui-même, dit-on, un grand ouvrage sur le manichéisme, pour remplacer le chef-d’œuvre vieilli de Beausobre. Le manichéisme occidental n’est connu que par les polémistes du parti adverse qui, naturellement, en ont beaucoup médit ; mais comme ils s’en sont occupés avec passion, les informations qu’ils nous fournissent sont très abondantes, en particulier sur la question qui a occupé M. de Stoop, la diffusion de cette dangereuse doctrine partie de la Babylonie et qui, comme le christianisme lui-même, visait à devenir une religion universelle. L’auteur se demande d’abord pourquoi le manichéisme s’est répandu dans l’empire et l’explique tant par son syncrétisme que par son austérité morale, qui prétendait dépasser celle du christianisme. Il recruta ses plus nombreux adhérents parmi les gnostiques, c’est-à-dire à l’extrême droite de l’Église. Ses tendances pessimistes et antisociales lui attirèrent de bonne heure l’hostilité des pouvoirs publics. M. de Stoop étudie ensuite la diffusion du manichéisme en Orient et en Occident (notamment en Afrique) ; il admet que ces idées survécurent obscurément au moyen âge, pour se ranimer, au XI^e siècle, sous l’influence des Pauliciens et des Bogomiles de Bulgarie et refleurir dans l’hérésie des Cathares.

S[alomon] R[einach]

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