Beylié, L. de: La Kalaa des Beni Hammad. Une capitale berbère de l’Afrique du Nord au XIe siècle. Grand in-8° de 124 pages avec 39 planches hors texte et 88 figures dans le texte.
(Paris, Leroux 1909)
Compte rendu par Paul Monceaux, Revue Archéologique t. 13 (4e série), 1909-1, p. 157-158
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Général L. de Beylié. La Kalaa des Beni Hammad. Une capitale berbère de l’Afrique du Nord au XIe siècle. Grand in-8° de 124 pages avec 39 planches hors texte et 88 figures dans le texte. — Paris, Leroux, 1909.


    Ce bel ouvrage est en même temps un compte-rendu de fouilles et une importante contribution à l’histoire de la civilisation berbère au moyen âge.

    La Kalaa des Beni-Hammad est située dans le département de Constantine, à 30 kilomètres environ au sud de Bordj-bou-Arreridj, sur le versant méridio­nal du Djebel Maadid, près de la limite nord des plaines de la Hodna. Ces ruines avaient été signalées par Féraud en 1871. P. Blanchet y fit des fouilles sommaires en 1897 ; le compte-rendu de ses découvertes, avec notes de M. Sa­ladin, vient de paraître, en 1908, dans le tome XVII des Nouvelles Archives des Missions. D’avril à septembre 1908, sur les indications de M. Saladin, M. le général de Beylié a fouillé complètement les ruines de la Kalaa, avec le con­cours de M. Georges Marçais, de M. Grousset et de M[.] Robert, administra­teur de la commune des Maadid. Ces fouilles ont donné des résultats impor­tants. On a déblayé les principaux édifices, notamment la Tour du Fanal ou du Ménar, le Palais des Emirs, la Mosquée. Au cours de ces travaux, on a recueilli beaucoup de fragments de la décoration, qui éclairent l’histoire de l’art mauresque.

    Dans l’ouvrage où il rend compte de ses découvertes, M. le général de Beylié a résumé tout ce que l’on sait sur les destinées de la Kalaa et de la dynastie ber­bère qui en avait fait sa capitale. Après un aperçu historique sur l’Empire Hammadite, il conte l’histoire de la Kalaa des Beni-Hammad. Puis il en décrit les ruines, fortifications, citernes, palais du Ménar ou du Fanal, palais des Emirs, Dar-el-Bahar ou Palais du Gouvernement, bains, cour et bâtiment de l’ouest, palais particulier des Emirs, mosquée, Palais du Salut, Grande-Rue. Suit une description détaillée des principaux objets trouvés dans les fouilles : poteries, lampes, verres et vitraux, monnaies, bronze et ferrures, tombeaux. L’ouvrage se termine par un appendice sur les monuments de Bougie à l’époque hammadite. De nombreuses planches et de nombreux dessins, dus pour la plu­part à M. Marçais, mettent sous nos yeux les édifices, les restes de murs, les trouvailles : vues de ruines, plans et coupes, détail de la décoration.

    Tout cet ensemble paraît dater du Xle siècle. La Kalaa fut fondée en l’année 1007 par Hammad, de la tribu berbère des Sanhadja. Elle devint la capitale du Mogreb central qui correspondait à peu près à l’Algérie du nord. En 1090, pour échapper aux attaques et aux razzias des Arabes de la Hodna, El-Mansour, l’un des successeurs de Hammad, transféra le siège de son gouvernement à Bougie. Les palais de la Kalaa tombèrent vite en ruines ; en 1148, le dernier sultan hammadite en enleva tous les matériaux de valeur pour les employer à Bougie ; en 1152, la ville fut prise et entièrement détruite par les Almohades. Il ne semble donc pas douteux que les ruines de la Kalaa datent du XIe siècle.

    Elles présentent ce grand intérêt historique, qu’elles évoquent à nos yeux une capitale berbère du moyen âge, et nous donnent l’idée de ce qu’était alors un palais musulman d’Afrique. Bien qu’il reste peu de chose en dehors des fondations, les explorateurs de la Kalaa ont pu reconstituer presque entièrement le plan des édifices. En outre, ils ont retrouvé presque tous les éléments de la décoration. Stucs sculptés et peints, stalactites, trompes à demi-voûtes d’arêtes, poteries à reflets métalliques, parements de faïence bleue et blanche avec croix et étoiles à huit pointes ; toute cette décoration des palais berbères, dans la Kalaa des Beni-Hammad, est le prototype de celle qui apparaît plus tard dans les édifices mauresques d’Afrique ou d’Espagne, par exemple à l’Alhambra.

Paul Monceaux