Thiersch, H.: Pharos. Antike, Islam und Occident. Gr. in-4°, viii-260 p., avec 11 planches et 455 gravures dans le texte.
(Leipzig, Teubner 1909)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 13 (4e série), 1909-1, p. 163
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H. Thiersch. Pharos. Antike, Islam und Occident. Leipzig, Teubner, 1909. Gr. in-4°, viii-260 p., avec 11 planches et 455 gravures dans le texte. Prix (cartonné) : 48 mark (1).


            Le grand phare d’Alexandrie, œuvre de Sostratos de Cnide, réputé une des sept merveilles du monde, est resté plus célèbre que connu, bien qu’il figure sur des monnaies impériales de Domitien à Commode et que d’autres phares, imités de ce prototype, soient représentés sur des bas-reliefs et des mosaïques. Deux découvertes décisives ont commencé à dissiper notre ignorance. M. Max van Berchem, l’éminent arabisant de Genève, a conclu d’un texte arabe resté inaperçu que les fondations du phare d’Alexandrie se trouvent encore aujourd’hui sous le donjon du château de Kait-bey ; M. H. Thiersch, l’auteur du présent ouvrage, a montré que la tour d’Abusir (Taposiris magna), à l’ouest d’Alexandrie, n’est pas un monument funéraire, mais une copie réduite du monument de Pharos. Non seulement M. Thiersch a réuni tous les textes sur le phare d’Alexandrie et reproduit tous les monuments anciens et du haut moyen âge où sont figurés des phares ; non seulement il a étudié, avec le plus grand soin, la tour d’Abusir (p. 27 sq.) et ce qu’on peut discerner des fondations du phare à Kait-bey (p. 78 sq.), mais il s’est appliqué à chercher, dans l’architecture de l’Orient comme dans celle de l’Occident, ce qu’on peut attribuer à l’influence du phare alexan­drin, — clochers et minarets. Cette dernière partie de son bel ouvrage est parti­culièrement digne d’attention. Quand on songe au rôle de l’Égypte dans la civi­lisation du haut moyen âge, on trouve fort naturel qu’un édifice colossal, encore presque intact à l’époque de la conquête arabe et plusieurs fois réparé depuis, ait inspiré de nombreuses imitations. Déjà Butler (1880) et Kay (1896) o t [sic] émis l’idée que le Phare avait servi de modèle aux minarets égyptiens ; M. Choisy écrivait, dans son Histoire de l’Architecture (t. II, p. t 27) ; « Très probablement, cette succession de plans polygonaux (aux différents étages) avait été suggérée aux musulmans d’Égypte par le phare d’Alexandrie, où l’octogone se superposait au carré ». M. Thiersch a très loyalement cité tous ses prédéces­seurs et a développé, avec toute la précision désirable, ce qui était plutôt, à leurs yeux, une impression d’ensemble. L’histoire de l’architecture musulmane se trouve ainsi enrichie d’un excellent chapitre et il apparaît, une fois de plus, que lorsque nous admirons une œuvre d’art qui n’est pas grecque, c’est simple­ment que ses sources helléniques nous échappent encore. Les premiers minarets islamiques ont été élevés en Syrie, probablement à Damas, par des ouvriers grecs ; c’est là aussi qu’on annexa d’abord aux églises des tours de signaux ou σημαντήρια, ancêtres des clochers et campaniles qui paraissent en Italie au VIIe siècle, en France et en Allemagne au XIe. M. Thiersch a traité plus rapidement cette partie de son sujet, mais il en a dit assez pour que nous puissions discerner un lien historique entre le phare d’Alexandrie et les tours de Notre-Dame. Ζήτω ἡ Ἑλλάς !                        S[alomon] R[einach]

(1) Ce prix n’est pas élevé, vu le nombre et la qualité des illustrations. Mes compliments à l’éditeur ! En même temps que Pharos paraît à Berlin la première partie du tome VII des Alterthümer de Pergame, au prix vraiment prohibitif de 240 mark !