H. Hubert et M. Mauss. Mélanges d’histoire des Religions. Paris, Alcan, 1909. In-8, xlii-236 p.

On trouvera réunis, dans ce volume, trois importants mémoires pensés en commun par leurs auteurs, bien que le premier seul ait été publié sous leurs deux noms : le sacrifice, l’origine des pouvoirs magiques, la représentation du temps. Je les ai déjà résumés ailleurs (le sacrifice, Rev. crit., 1900, II, p. 2 ; les pouvoirs magiques, ibid., 1905, II, p. 279 ; la représentation du temps, ibid. , 1906, I, p. 153). La réimpression est précédée d’une préface dirigée en partie contre mes idées, ou plutôt contre celles de Robertson Smith. MM. H. et M. veulent bien convenir que j’ai « ajouté plusieurs bons exemples de mythes sacrificiels » et ils font allusion à mes mémoires sur Orphée, Hippolyte, Actéon et Phaéthon. « Mais, ajoutent-ils, tout animal sacrifié n’est plus un totem. Pour qu’il y ait totem il faut qu’il y ait un clan. Pourtant nous attendons encore que M. R. nous démontre l’existence de clans auxquels auraient appartenu les dits totems. » Ces Messieurs attendront longtemps. Mais j’attendrai peut-être plus longtemps encore qu’ils aient donné des mythes en question une explication différente de la mienne et qui soit cohérente. En présence d’une série de mythes jusqu’alors inexpliqués — autant de serrures rebelles — j’ai fabriqué une clef qui se trouve, comme par hasard, convenir à toutes ces serrures. Il paraît que cette clef n’est pas bonne ; je le veux bien, mais elle ouvre ; c’est tout ce que je crois, pour ma part, devoir demander à une clef. Mais voici la fin ; « A notre avis, dans les cultes dont traite M. R., s’il y a d’anciens totems, ils n’ont servi qu’à habiller les dieux, baptiser leurs prêtres, fournir les victimes toutes sacrées ; ils ne sont que des paraphernalia totémiques de religions non totémiques ». Je ne comprends pas.

S[alomon] R[einach]

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