Philipon, E.: Les Ibères. Étude d’histoire, d’archéologie et de linguistique. Avec une préface de M. d’Arbois de Jubainville. In-8, xxiv-344 p.
(Paris, Champion 1909)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 13 (4e série), 1909-1, p. 280-281
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E. Philipon. Les Ibères. Étude d’histoire, d’archéologie et de linguistique. Avec une préface de M. d’Arbois de Jubainville. Paris, Champion, 1909. In-8, xxiv-344 p.


Avec Vinson et Van Eys, et contrairement à Humboldt et Schuchhardt (qu’il ne nomme pas), M. Philipon ne croit pas que le basque soit une langue ibérique ; il essaye d’établir le caractère indo-européen, flexion­nel et non agglutinatif de l’ibère, alors que les Basques « appartiennent à une race non aryenne sur l’origine et les migrations de laquelle on ne peut faire que des conjectures. » J’avoue que les arguments de l’auteur en faveur de l’indo-européisme de l’ibère m’ont paru, sinon tout à fait convaincants, du moins très dignes d’attention. En ce qui touche l’histoire des Ibères, M. P. admet qu’ils occupèrent d’abord la Gaule et descendirent vers le sud-ouest au VIIe siècle, sous la poussée des invasions celtiques. Ils trouvèrent dans la pénin­sule les Tartesses, « peuple égéen d’une culture bien supérieure à celle des Ibères », qui avait séjourné sur les côtes orientales de l’Afrique avant de passer le détroit de Gibraltar. Les Tartesses détruisirent ou assimilèrent des populations plus anciennes, dont quelques-unes conservèrent leurs mœurs et leur langue dans les vallées pyrénéennes ; de ce nombre furent les ancêtres des Basques. Remontant plus haut dans le passé, M. P. se rallie à la vieille thèse de l’origine asiatique ou caucasique des Ibères et des Ligures. « Est-ce que la marche vers l’Ouest n’est pas la loi constante de tous les peuples indo-européens, à la seule exception des Indiens ? Les Mèdes, les Grecs, les, Italiotes, les Celtes sont venus de l’Orient ; pourquoi les populations de l’Espagne n’en viendraient-elles pas?  Je crois, pour ma part, que les peuples parlant des langues I. E. ont rayonné « en éventail » autour d’une région inhospita­lière et froide ; ils ont cherché la chaleur ou, du moins, un climat tempéré ; je ne sais s’il est un seul de ces peuples dont on puisse dire qu’il s’est propagé de l’Est à l’Ouest. Mais il faudrait beaucoup de place pour discuter les théories et les très nombreuses étymologies de E. P. Je me contente de dire que les unes et les autres sont sérieuses et que cet ouvrage, né de l’enseignement de M. d’Arbois, dont il combat librement certaines doctrines, mérite d’être lu et étudié de près (1).

S[alomon] R[einach]

(1) Il y a, dans la dernière partie de l’ouvrage, des hérésies archéologiques ; l’auteur n’est pas là sur son terrain. Il s’en convaincra en lisant les excellents articles de M. Déchelette sur l’archéologie primitive de l’Espagne (Revue archéol., 1908-1909).