Poulsen, F.: Recherches sur quelques questions relatives à la topographie de Delphes (extrait et traduit du Bulletin de l’Académie de Danemark, 1908, n° 6, p. 331-425).
( 1908)
Compte rendu par Salomon Reinach, Revue Archéologique t. 13 (4e série), 1909-1, p. 284-285
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F. Poulsen. Recherches sur quelques questions relatives à la topographie de Delphes (extrait et traduit du Bulletin de l’Académie de Danemark, 1908, n° 6, p. 331-425 (1)).


Ces Recherches comprennent deux parties : 1° La topographie de Marmaria à l’entrée de Delphes, plateau allongé en bas de la terrasse infé­rieure du gymnase ; 2°) La niche aux offrandes de Marathon. Elles témoignent l’une et l’autre de l’ingénieuse érudition qu’on n’a plus à louer chez l’auteur. La ques­tion des édifices de Marmaria est rendue particulièrement difficile par le désaccord entre Hérodote et Pausanias, qui n’ont pas vu les mêmes monuments sur la terrasse. « Nous pouvons, en toute sécurité, appeler le temple n° I, ancien temple d’Athéna Pronaia ; la tholos, tombe du héros Phylacos ; le temple n° IV, nouveau temple d’Athéna Pronaia et l’« habitation des prêtres », héroon de Phylacos » (p. 378). Les temples II et III seraient le trésor des Spinatiens (?) ou des Agylléens (?) et celui des Massaliotes (ces identifications sont rendues sensibles par la planche II). Le chapitre relatif à la « niche aux offrandes » est d’un grand intérêt (cf. Pomtow, A. M., 1906, (p. 441 ; Klio, 1907, p. 395 ; 1908, p. 73) ; il s’agit de la disposition des trois ex[-]voto signalés par Pausanias (X, 9, 7 sq.), ceux des Lacédémoniens, des Argiens et des Athéniens. M. P. soutient que le monument à la gloire de Miltiade a été élevé longtemps après l’événement, que Pausanias s’est trompé en parlant, à ce sujet, de la dîme de Marathon ; l’association du nom de Phidias avec cette œuvre est, par conséquent, inadmissible.

Voici les conclusions de M. P., qui ne manqueront pas de soulever des controverses ; je connais trop mal les lieux pour y prendre part : « L’ordre de succession historique des premiers monuments situés le long de la voie sacrée est le suivant ; d’abord le taureau de Corcyre, qui est le plus ancien et remonte aux alentours de l’an 500 av. J.-C. Puis, vers le milieu du Ve siècle, les Argiens fondent sur le bathron semi-circulaire du côté sud un double groupe : οἱ ἡγεμόνες et les Epigones. En 414, les Athéniens et les Argiens réunis font construire sur le côté nord de la voie une vaste niche où, avec le butin conquis sur les Spartiate­s et leurs alliés, ils élèvent deux œuvres d’art ; d’une part, le cheval de Troie, et, d’autre part, les dieux protecteurs et les héros d’Athènes groupés autour de Miltiade, le vainqueur de Marathon. La réponse de Sparte vint après la bataille d’Aegos-Potamoi et consista en un groupe gigantesque planté juste en face du monument athénien, du côté sud : ce groupe est constitué par des statues de dieux protecteurs glorifiant Lysandre victorieux et par des statues d’amiraux alliés. Mais la fortune changea de nouveau. En l’an 369, les Argiens aidèrent Epa­minondas et les Thébains à délivrer Messène du joug de Sparte et à fonder un nouvel État messénien ; en souvenir de leur victoire, ils élevèrent du côté nord de la voie, en face de leur bathron antérieur, un monument généalogique consacré à leurs anciens héros. La même année se constitue, encore contre Sparte, la ligue arcadienne... Les Arcadiens fondent alors un « anathème » du même genre comprenant des dieux et des héros et ils l’établissent — la place étant maintenant occupée de tous côtés — devant la niche de leurs alliés les Argiens et les Athéniens... Toute une période d’histoire grecque, dramatique et mouvementée, revit dans ces ruines » (p. 424-5).

S[alomon] R[einach]

(1) La traduction française est assez bonne ; il eût suffi de quelques retouches pour qu’elle fût excellente.