Mortet, Victor: Un formulaire du VIIIe siècle pour les fondations d’édifices et de ponts. In-8°, 35 p.
(Paris, Picard 1908)
Compte rendu par Adolphe Joseph Reinach, Revue Archéologique t. 13 (4e série), 1909-1, p. 295-296
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Victor Mortet. Un formulaire du VIIIe siècle pour les fondations d’édifices et de ponts. Paris, Picard, 1.908. In-8°, 35 p.


L’auteur, dont on connaît les recherches approfondies sur Vitruve, réédite sous ce titre, avec additions, un mémoire paru dans le Bulletin Monumental de 1907. Au cours de ses enquêtes pour le Corpus des textes du Moyen-Age touchant l’architecture, ouvrage considérable qu’il prépare de longue date, il a été frappé de l’intérêt que présentent des fragments relatifs aux fondations d’édifices et de ponts qui, publiés pour la première fois par M. Way dans l’Archaeologia de 1847, font partie de l’opuscule appelé Mappae clavicula, dont la rédaction remonte au temps de la Renaissance carolingienne. En étudiant les recettes chimiques contenues dans cette « Clef de la Peinture », Berthelot (Journal des Savants, 1906, p. 63) a montré qu’elles dérivent de traités gréco-romains légèrement modifiés par l’influence byzantine. M. M. a pu préciser ces conclusions par l’étude des quatre chapitres : de dispositione fa­bricae, de fabrica in aqua, de calce et arena, de latericiis parietibus. Les deux chapitres sur la fabrication de la chaux et des murs de briques sont presque copiés des chapitres correspondants du De Re rustica de Palladius et certains termes techniques, comme dispositio au sens de situation respective des parties d’un édifice, statura dans celui de taille humaine, arca dans celui de caisson, remontent au vocabulaire de Vitruve. C’est à Vitruve aussi que reporte la comparaison des parties d’un édifice avec celles du corps humain, comparaison qui aboutit à des bizarreries de ce genre ; « Si la couverture des bâtiments mesure 2 coudées, les fondations s’élèveront jusqu’à la naissance des cuisses, usque ad furcam ; si elle en mesure 3, usque ad didam ». Dans ce dernier mot, M. M. a très ingénieusement reconnu une adaptation latine du mot grec τιτθή. Employé au sens de nutrix par Moschion, qui écrivit au VIe siècle, en Afrique, un abrégé de la Gynaecologie de Soranus ; ce mot a passé à celui de sein ou de mamelon, changement qui a pu s’opérer dans le latin d’Afrique dont beaucoup de par­ticularités, M. M. l’a remarqué (Rev. de Philol., 1908, p. 198), se retrouvent dans la langue de Vitruve.

Comme M. M. montre par ailleurs que les architectes du VIIIe siècle ont fait effort pour se conformer aux prescriptions de ce formulaire, n’est-ce pas un lien de plus établi entre l’architecture romaine et l’architecture romane, une précieuse contribution à la question fameuse ; Orient oder Rom ?

A[dolphe]-J[oseph] R[einach]