Evans, Arthur J.: The Prehistoric Tombs of Knossos. In-4°, 173 p., 13 pl. et 147 figures.
(Londres, Quaritch 1906)
Compte rendu par A.-J. Reinach, Revue Archéologique t. 12 (4e série), 1908-2, p. 142-144
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Arthur J. Evans. The Prehistoric Tombs of Knossos. Londres, Quaritch, 1906. in-4°, 173 p., 13 pl. et 147 figures.


      La ville de Knossos s’étendait depuis le Palais jusqu’au pied des collines de Zafer Papoura, à 600 m. au Nord. C’est dans leurs flancs qu’il était naturel de rechercher la nécropole. Dès 1900, M. Hogarth y mettait à jour 7 tombes à dromos, réemployées à l’époque de la poterie géométrique ; plus heureux, en 1904, M. Evans rencontrait sur la pente orientale un groupe d’une centaine de sépultures qui se répartissent en trois types:

 1° 49 tombes à dromos, où un couloir long de 3 à 6 m. mène à une salle funéraire carrée, à angles plus ou moins arrondis et à parois s’inclinant l’une vers l’autre pour se rejoindre en encorbellement (en moyenne, 2 m. de haut sur 2 de large); le corps y est placé, les pieds ramenés sous les cuisses, dans une larnax en argile peinte ;

 2° 38 tombes à puits dont le fond est séparé par un assemblage de grandes dalles d’une cellule rectangulaire plus étroite que le puits d’accès (p. 0,60 cm. pour 1,25), mais assez longue pour contenir le corps étendu ;

 3° 18 tombes à puits où une excavation, deux fois plus profonde que celle des tombes précédentes (2m,50 à 4m,50), aboutit à une petite cavité latérale, un loculus, qui, après avoir reçu le mort, a été refermée par un mur de grosses pierres.

      Ni leur disposition, ni leur mobilier ne permettent de distinguer ces trois types de sépulture. Aussi, quelque origine qu’on ait voulu leur assigner (population cavernicole pour les chambres, à dromos, lacustre pour les tombes à fosse, nomade pour les tombes à puits), faut-il conclure de leur mélange à Zafer Papoura que les trois types ont coexisté à Knossos postérieurement à la destruction du premier Palais (vers 1600). C’est, en effet, à la dernière époque du Bas Minoen (Late Minoan II et III) que se rapportent les objets trouvés dans ces tombes ; amphores à 2 et à 3 anses dont le décor naturaliste dégénère en style géométrique, bassins et chaudrons de bronze avec trépieds ou réchauds d’argile, miroirs à manche d’ivoire et rasoirs de type égyptien, 4 colliers en or dont les grains ciselés représentent des argonautes doubles, des rosettes ou des coquillages et un collier en cornalines et pâtés de verre comprenant un scarabée de la XVIIIe dynastie ; en fait d’armes, 5 pointes de lance à douille (de 20 à 40 cm.), 6 couteaux dont un fondu avec le manche (de 22 à 45 cm.), 3 poignards, 6 épées courtes et 2 rapières (9t et 95 cm.), de ce type mycénien qui se retrouve en Égypte et en Sicile, à Gaza et à Cumes: la poignée, d’un seul tenant avec la lame, se termine inférieurement par des cornes qui peuvent être, ou réduites à un renflement arrondi, ou allongées en ailerons ; de cette garde jusqu’au pommeau hémisphérique, l’âme de bronze est recouverte de part et d’autre par deux plaques d’ivoire fixées par des rivets. Dans une épée qui constitue le plus beau morceau de la trouvaille de Zafer Papoura, le pommeau est fait d’agate translucide retenue à la base par un anneau d’or et le montant est garni de feuilles d’or ouvragé représentant des lions qui chassent des chèvres sauvages; les rebords de la poignée et la nervure centrale de la lame sont ciselés d’une double rangée de fines spirales. — Pour mieux situer la nécropole de Knossos, M. Evans fait suivre son mémoire d’une description 1° de la tombe à dromos, qui confine à l’âge du fer, fouillée par lui en 1899 à Milatos et dont il a déjà publié cette face de larnax qui montre un génie ailé (chevelu? radié?) tenant devant lui une sorte de bouclier bilobé au dessus d’un poisson ; 2° de la tombe royale creusée à Isopata, au sommet de l’éperon des collines de Zafer Papoura qui domine la plaine de Candie. Bien qu’elle ait été réemployée et pillée dès l’antiquité, puis convertie en carrière de nos jours, on a pu dégager un dromos de 24 mètres de long sur 2 de large qui se termine en une sorte d’antichambre (de 6m,75 de long sur 1m,58 de large), présentant sur ses deux côtés latéraux une niche funéraire voûtée ; de là, on pénétrait, par une porte, bloquée depuis, dans une chambre funéraire(de 7m,85 de long sur6m,07 de large) dont les parois convergent pour former une coupole haute de 8 m., prototype des tholoi. Dans celles de Mycènes ou d’Orchomène, selon M. E., on se serait borné à arrondir le tracé rectangulaire, comme on le voit déjà, en Crète, à H. Triada et à Koumasa. Le chef qui s’était fait bâtir cette dernière demeure y reposait dans une grande ciste en pierre de taille (2m,33 de long, 0m,72 de large, 1m,12 de profondeur) qui semble avoir été violée à la dernière époque minoenne. Le plan même de la tombe, qui rappelle les hypogées fouillés par Petrie à Hawara, ainsi que les plus anciens objets du mobilier funéraire (vases en diorite, porphyre et albâtre, lampes en gypse, couvercles en stéatite, collier en lapis-lazuli avec des cercopithèques comme pendants, grandes amphores avec plantes nilotiques) ne reportent pas seulement la XVIIIe dynastie comme les trouvailles de Zafer Papoura, mais à la XIIe (2000-1800) et même à la IVe (2900-700). Bien que M. Evans hésite à reculer jusqu’à une époque aussi éloignée du Bas Minoen II, auquel appartiennent les nombreux vases à décor stylisé ou architectonique trouvés dans la tombe, il admet que, réemployée à cette grande époque du second Palais, c’est dans les derniers temps du premier Palais, au Minoen Moyen III (2000-1800 avec la chronologie égyptienne de Petrie que suit M. E., 1800-1600 avec celle d’Ed. Meyer d’après laquelle j’ai indiqué les dates ci-dessus) qu’aurait été construite cette tombe à coupole d’Isopata, la seule qui puisse rivaliser avec le trésor de Minyas et celui d’Atrée. Aussi M. E. cherche-t-il à lui assigner un grand nom légendaire: bien que Minos ait été tué en Sicile dans un bain qui, comme celui d’Agamemnon, pourrait n’être qu’une transposition de la ciste funéraire, et bien qu’il ait été enseveli à Minoa dans une tombe où la description de Diodore laisse reconnaître une tholos surmontée d’un hérôon, le fondateur de Knossos ne se serait-il pas fait construire un sépulcre digne de lui, dominant la mer à la rencontre de la vallée de Knossos avec la plaine où le Kairatos recevait les vaisseaux, et ne serait-ce pas là qu’on aurait montré plus tard la tombe de son petit-fils Idoménée, Κνωσίον Ἰδομενῆος ὅρα τάφον ?

A. J. Reinach