Hirschfeld, Otto: Die römischen Meilensteine. Gr. in-8, 38 p. (Extrait des Sitzungsberichte de l’Académie de Berlin).
( 1907)
Compte rendu par A.-J. Reinach, Revue Archéologique t. 12 (4e série), 1908-2, p. 149-151
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Otto Hirschfeld. Die römischen Meilensteine, 1907, gr. in-8, 38 p. (Extrait des Sitzungsberichte de l’Académie de Berlin.)


        La publication des milliaires de la Gaule dans le t. XIII du Corpus (250 pour la Narbonnaise et 200 pour les trois provinces sur plus de 4.000 connus) a fourni à M. H. l’occasion de jeter un coup d’œil d’ensemble sur cette question trop peu étudiée. Si le plus ancien milliaire connu provient de la Via Appia et date d’environ 250, si la Via Æmilia en montre un de 187, la Via Postumia un autre de 148, la Via Popillia un quatrième de 132, ce n’est qu’à C. Gracchus que paraît due la transformation de cet usage en règle, appliquée comme telle, peu après sa mort, à la Via Domitia en Narbonnaise(1). Il n’en faut pas moins attendre qu’Auguste se soit fait donner, en 20, la cura viarum, qui restera désormais un privilège impérial, pour voir partout les bornes se répandre le long des routes. Au reste, M. H. a peut-être exagéré quelque peu l’action exercée par les empereurs ; en tout cas, en Asie-Mineure et en Égypte, il est certain que les monarchies hellénistiques leur avaient donné l’exemple. Le système routier et postal si perfectionné des Perses (voir en dernier lieu Rostowzew, Klio, VI, p. 249 ; VII, p. 275) avait laissé sans doute des grandes voies bordées de parasanges ; du moins est-il remarquable que ce soit ce terme dont les géographes de l’empire arabo-perse de Bagdad se servent pour mesurer les distances et qui, sous sa forme actuelle de farsangsar, désigne la borne milliaire. Les successeurs d’Alexandre n’eurent probablement qu’à traduire en grec l’inscription araméenne ; tel fut sans doute le principal ouvrage des bématistes d’Alexandre et des auteurs de Stathmoi Asias — routiers d’Asie — Béton, Diognètos, Amyntas, Philonidès, qu’il eût fallu mentionner. A son tour, en 129, M. Aquilius, premier proconsul d’Asie, n’eut qu’à ajouter les chiffres latins aux nombres grecs(2). On ne saurait guère admettre, en effet, que la demi-douzaine de milliaires trouvés en Asie au nom de ce proconsul échelonnent des routes ouvertes par ses légions ; quatre années de guerre ne venaient-elles pas d’absorber leur activité et n’est-ce pas seulement cinq ans plus tard que C. Gracchus rendit obligatoire cette pose des milliaires ? Si, toutefois, le mille romain (μίλιον), en Orient, semble s’être substitué complètement à la parasange, en Gaule, dès Trajan, en Germanie, sous Septime-Sévère, la leuga indigène — qui paraît en Auvergne dès l’époque du grand roi arverne Luern et dont les arpenteurs romains font usage à côté de la jugère comme mesure de superficie, — cette lieue de 2222m,50 a bientôt fait de chasser le m. p. En même temps la civitas, dont le nom, appliqué à la Gaule dans son acception greco-latine, y désignait d’abord le territoire appartenant à une tribu, a pris le sens de cité en se restreignant à l’agglomération urbaine qui s’est formée autour du vicus ou de l’oppidum, chef-lieu du territoire, et les milliaires pourront porter: a civ(itate) Par(isiorum) Trev(irorum), puis, plus simplement, Treviris, Arvernis, Gabalis, par une spécialisation du nom territorial à la ville principale que sanctionne Constantin en 311. — M. H. n’a fait qu’effleurer ces importantes questions, mais d’une main assez ferme pour montrer tout l’intérêt que présenterait celle Histoire des grands chemins de l’Empire romain que personne n’a tentée depuis Nicolas Bergier (1722) et qu’on s’accordera à réclamer avec lui.

                                                                    A. J. Reinach

 

(1) Ce serait supposer, avec M. Herzog (Gall. Narbon., p. 48), que la Via Domitia n’a été ouverte que par Cn. Domitius, premier proconsul de la Narbonnaise, après sa victoire sur Bituit en 121. Cependant Polybe, mort en 124, et écrivant vers 150, parle de la route que les Romains avaient jalonnée de huit en huit stades, soit de mille en mille des Alpes-Maritimes aux Pyrénées-Orientales ; la route datait donc apparemment de leurs grandes expéditions en Espagne au début du IIe siècle (Polybe, III, 39, 8 ; cf. Desjardins, II, p. 265).

(2) M. H. ne semble pas s’être souvenu de l’existence d’ὁδοι βασιλικαί sous les Séleucides , que M. B. Haussoullier rappelle avec raison à propos d’un milliaire d’Aquilius à Teira sur la route d’Ephese à Sardes (Rev. de Philol., XXIII, p. 293) qui vient s’ajouter à ceux de la route d’Ephèse à Tralles (CIL., III, 419, 7204, 1420111, 142024), d’Ephèse à Pergame (7165), de Pergame à Elaea (7183), de Pergame par Sardes et Colossae en Pisidie (7177).