Mosso, Angelo: Le Armi più antiche di Rame e di Bronzo. 105 p., in-4° avec 68 figures et 5 planches. Extrait des Mémoires de la Reale Accademia dei Lincei, 1907-8.
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Compte rendu par A. J.- Reinach, Revue Archéologique t. 12 (4e série), 1908-2, p. 315-316
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Angelo Mosso. Le  Armi più antiche di Rame e di Bronzo. 105 p., in-4o avec 68 figures et 5 planches. Extrait des Mémoires de la Reale Accademia dei Lincei, 1907-8.


        Physiologiste bien connu, M. Mosso avait déjà été amené par l’étude de l’homme à s’inquiéter de ses origines quand le voyage en Crète qu’il a si pittoresquement narré dans ses Escursioni nel Mediterraneo e gli Scavi de Creta (Milan, 1907) l’inclina vers l’anthropologie et l’archéologie préhistorique. Il y apporte une rigueur scientifique qui, à en juger par ce premier mémoire, fait de lui une recrue précieuse. Toutes les armes dont il s’occupe sont minutieusement décrites, mesurées, analysées ; haches, poignards, épées, lances, coutelas, faucilles sont étudiées à la fois en Grèce et dans les îles grecques, en Italie et en Sicile, et, de tous ces rapprochements, il ressort avec toujours plus d’évidence qu’une même civilisation a dominé dans ces régions au début de l’âge du bronze. D’où venait ce bronze ? M. Mosso se rallie à la théorie de l’origine asiatique, d’après l’hypothèse erronée qui fait venir d’Arabie les premiers Pharaons sous lesquels le bronze apparaît en Égypte à côté des lames de cuivre prédynastiques. En réalité, ce n’est qu’entre la XIIe et la XVIIIe Dyn. (2000-1500) que s’est produite cette transformation, résultat d’une arrivée plus abondante de l’étain caucasique, espagnol ou breton qui permit de transformer peu à peu en bronze le cuivre du Sinaï. Non seulement les analyses de M. Mosso, après celles de Berthelot et de Zenghelis, mettent en meilleure lumière le passage progressif du cuivre au bronze, mais elles nous apprennent pour la première fois que les Crétois n’ont pas eu à sortir de leur île pour trouver le métal essentiel. A Chrysocamino, en effet, près de Gournia, M. Chatzidakis a découvert des minerais de cuivre exploités de toute antiquité ; d’autres ont été trouvés à Gozzo, l’ilôt voisin de Malte. On comprend maintenant pourquoi, sur les peintures du tombeau de Rekhmara (v. 1500), les Crétois apportent en tribut ou en présent des lingots de cuivre tout semblables à ceux qu’on a retrouvés à Haghia-Triada ; bien plus, en rapprochant de la présence du cuivre en Crète les légendes relatives aux Daktyles crétois, la prépondérance de la Crète au début de l’âge du bronze apparaît sous un jour tout nouveau.

Entre autres armes inédites publiées par M. M. (fouilles italiennes de Crète ; musée de Syracuse ; collection Bellucci à Pérouse ; musées de Modène et de Brescia), se trouve une admirable bipenne en bronze de Phaestos ; au centre, de part et d’autre, un papillon aux ailes éployées, semblable à ceux des disques d’or de l’Acropole de Mycènes, se détache en si fin relief qu’il faut supposer que l’arme fut fondue à la cire perdue. La Crète n’a donc pas seulement réalisé, la première dans le monde égéen, l’alliage du cuivre et de l’étain ; dès l’époque de Kamarès (v. 2000), l’art du bronze y atteignait une perfection qui ne devait guère être dépassée.

                                                                                      A. J.-REINACH